Ils sont si craquants et si peu farouches que les visiteurs des grands parcs montréalais les nourrissent à la main. Et pourtant, les milliers de ratons laveurs qui peuplent l'île sont potentiellement porteurs d'une souche de rage arrivée des États-Unis en 2006. Dans le but d'éviter toute contamination aux humains, la Ville de Montréal vient de démarrer une vaste campagne de vaccination préventive.

Selon ce qu'a pu constater Cyberpresse lors du démarrage de cette campagne au belvédère Camilien-Houde, les ratons n'hésitent pas à s'approcher à distance de toucher des humains. Certains visiteurs, charmés par les mignonnes bêtes, leurs donnent des bouts de pain, d'autres des croustilles et même des bonbons, parfois en les donnant directement dans la bouche des animaux.

Exploitant le goût des ratons pour le sucre et les friandises, le ministère des Ressources naturelles et de la faune épandra au cours des prochains jours des milliers d'appâts au goût de guimauve dans les parcs et forêts de la province. Attirés par l'odeur, les ratons croquent un sachet qui contient un vaccin liquide qui les immunise pour une période d'un an.

À Montréal, 2500 de ces appâts-vaccin seront disséminés dans les habitats des ratons au cours des prochains jours.

«Plus on va dans l'ouest de l'Île, plus on trouve un grand nombre de ces ratons. Dans le parc du mont Royal, par exemple, on peut en compter jusqu'à 60 par kilomètre carré, explique Denis Fournier, technicien en aménagement de la faune à la Ville de Montréal. Normalement, ce sont des animaux nocturnes qui n'aiment pas trop s'approcher des humains. Mais comme les gens les nourrissent, il sont très peu farouches. Et plus les contacts sont nombreux, plus les risques de transmission de la rage son élevés, précise-t-il.

La souche de rage qui inquiète les autorités, arrivée au Québec en 2006, n'a jusqu'à maintenant pas été transmise à l'humain. Des souches semblables affectent les chauves-souris et les coyotes, mais ces animaux entrent très rarement en contact avec les humains.

Les appâts qui sont disséminés dans la nature ne sont pas dangereux, ni pour les enfants, ni pour les animaux de compagnie qui les consommeraient. En cas de doute, un numéro de téléphone spécial est cependant inscrit sur chacun des appâts.

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Voici la liste des neuf grands parcs naturels où aura lieu l'épandage de vaccins :

- Parc du Mont-Royal;

- Parc des Rapides;

- Parc-nature de l'Anse-à-l'Orme;

- Parc-nature du Cap-Saint-Jacques;

- Parc-nature du Bois-de-l'Île-Bizard;

- Parc-nature du Bois-de-Liesse;

- Parc-nature du Bois-de-Saraguay;

- Parc-nature du Bois d'Anjou;

- Parc-nature de la Pointe-aux-Prairies.

Les appâts vaccinaux ont l'apparence de gros raviolis de couleur vert olive. Ils mesurent environ 40 mm x 22 mm x 10 mm. En raison de leur couleur de camouflage, ils se confondent à l'environnement et sont plutôt difficiles à repérer une fois au sol. Ils doivent être perforés pour répandre leur vaccin, ce que les animaux sauvages font en les croquant. Leur odeur est sucrée. Normalement, les appâts devraient être consommés par les animaux sauvages dans un intervalle de deux semaines. La Ville rappelle que ces appâts ne représentent aucun danger pour la population, ni pour les animaux.