La famille d'un jeune policier mort à la suite d'un accident de motocyclette il y a trois ans vient d'intenter une poursuite de 274 000$ contre les autorités médicales qui l'ont pris en charge. Elle soutient que la pénurie de chirurgiens à l'Hôpital de Hull a engendré un délai indu dans les traitements.

L'affaire remonte au 8 septembre 2007, quand Jean-Philippe Rochon a eu un accident pendant un cours de conduite de motocyclette, à Val-des-Monts, dans la région de l'Outaouais. Le jeune homme de 22 ans avait entrepris cette formation dans le cadre de son travail de policier à la Sûreté du Québec.

Il a été transporté à l'Hôpital de Hull, et ce, bien que l'établissement ait annoncé une rupture de service en chirurgie générale pour une période de quatre jours, du 7 au 10 septembre 2007.

Les parents et la soeur de M. Rochon, dans leur poursuite, reprochent à l'établissement d'avoir contrevenu à ses «obligations légales» d'offrir ce service en tout temps dans un délai de moins de 30 minutes.

Rappel des faits

Jean-Philippe Rochon a été admis à l'Hôpital de Hull à 13h29. Les secours avaient été appelés à 12h22. À son arrivée à l'hôpital, il souffrait d'hémorragies multiples causées par des fractures, dont l'une au fémur. Il avait également un hématome important à la hanche gauche.

Selon la poursuite, vers 14h, le médecin qui avait pris en charge M. Rochon a décidé de le transférer au Civic Hospital d'Ottawa en raison de la pénurie de chirurgiens dans son établissement, mais les ambulanciers n'ont été appelés qu'à 14h41. Le patient a été admis à l'hôpital d'Ottawa vers 15h13, après avoir reçu de nombreuses transfusions sanguines, tant à l'Hôpital de Hull que dans l'ambulance. À ce moment, il était toujours conscient.

Vers 17h, on l'opère enfin pour juguler les hémorragies. Au cours de la nuit, son état se détériore. Les efforts pour le ranimer sont interrompus vers 8h le lendemain matin. Il est mort d'un choc hémorragique. Les demandeurs affirment que les délais du transfert en sont la cause.

La poursuite vise l'Hôpital de Hull et le centre de santé et des services sociaux (CSSS) de Gatineau, le médecin qui a admis M. Rochon à l'Hôpital de Hull, le Dr Daniel Ebert, l'agence de la santé et des services sociaux (ASSS) de l'Outaouais ainsi que la Corporation des paramédics de l'Outaouais.

Les quatre défendeurs n'étaient pas en mesure de réagir à la poursuite, hier, puisqu'ils n'avaient pas encore reçu le document.

Les parents de M. Rochon, qui commémorent aujourd'hui le troisième anniversaire de la mort de leur fils, ont également refusé de parler du recours. «C'est trop difficile, on se sent encore comme si c'était arrivé hier», a laissé tomber la mère de la victime, Gisèle Crêtes, lors d'un bref entretien téléphonique.

Rappelons que le coroner Paul G. Dionne s'est penché sur le cas de M. Rochon. Dans son rapport, publié au mois de juillet, il conclut que la mort du jeune policier aurait pu être évitée. Il avait alors recommandé à l'ASSS de l'Outaouais et au CSSS de Gatineau de mettre sur pied un plan régional intégré pour les transferts aux soins intensifs.

Les parties devront se présenter au tribunal le 14 décembre pour fixer les dates d'audience.