La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) traîne le ministre Yves Bolduc devant les tribunaux dans l'espoir de faire cesser le recours aux agences privées. La Cour supérieure a été saisie, hier matin, d'une requête visant à déclarer «illégales et nulles» les ententes entre le CSSS Richelieu-Yamaska et 13 agences de placement de personnel.

En point de presse, Régine Laurent, présidente de la FIQ, a expliqué qu'il s'agit de la première d'une série de requêtes mettant en cause le gouvernement de Jean Charest, les agences de placement et les hôpitaux publics. Mme Laurent soutient que le ministre de la Santé contrevient à la Loi sur la santé et les services sociaux, dont il est responsable, en permettant aux hôpitaux d'embaucher du personnel d'agence.

 

«Les infirmières du privé ne sont pas des salariées, a expliqué la présidente de la FIQ. Elles ne sont donc pas assujetties au contrôle de la qualité et de la continuité des soins prévu par la loi. Le recours aux agences est un fléau auquel il faut mettre fin.»

Karine Rivard, attachée de presse du Dr Yves Bolduc, a expliqué que le ministre n'a pas l'intention de réagir publiquement, d'autant moins que la cause est devant les tribunaux.

La requête a toutefois fait bondir Stéphane Provost, vice-président et directeur général de Girafe Santé, l'une des agences mises en cause. Selon lui, la requête ressemble «beaucoup plus à un moyen de pression pour faire avancer les négociations».

«C'est un désaveu envers notre système de santé, a-t-il dit à La Presse. C'est de la foutaise de penser qu'on ne fait pas de contrôle. On appelle systématiquement l'Ordre des infirmières (OIIQ) pour vérifier les dossiers des infirmières avant l'embauche, on achemine le profil anonyme de nos candidates aux directions des soins infirmiers et il y a souvent des examens à passer. Et je peux vous l'assurer, je n'hésite pas à dénoncer du personnel qui travaille sous l'influence de stupéfiants ou d'autres substances.»

Selon la FIQ, la valeur des contrats signés avec les agences privées par le CSSS Richelieu-Yamaska, souvent d'une durée de trois ans, atteint 4,4 millions en 2009-2010. La FIQ estime à 158 millions de dollars les sommes consacrées à l'embauche d'infirmières du secteur privé. Ces chiffres n'ont toutefois pas été validés par le gouvernement, qui invoque le caractère privé des agences.

Toujours selon la FIQ, une infirmière du privé coûterait 19% de plus qu'une infirmière du réseau public représentée par un syndicat. À Girafe Santé, on souligne toutefois qu'il faut mettre cette donnée en perspective. «Nos infirmières coûtent environ 60$ et celles du réseau public, 55$. C'est vrai que c'est plus cher, mais c'est du personnel qui reçoit des primes de suppléance. Il faut aussi tenir compte des coûts complets, c'est-à-dire des avantages sociaux et des frais administratifs. La différence est donc marginale.»