Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s'engage à verser un million de dollars au Dr Gilles Julien, pédiatre social réputé qui aide les enfants défavorisés de Montréal. Aux prises avec des problèmes financiers, le célèbre pédiatre a dû congédier au début de l'été la moitié de ses 18 employés et envisageait de mettre en vente la maison qui abrite le siège social de sa Fondation.

Depuis plus de 10 ans, le Dr Julien aide les enfants du quartier Hochelaga-Maisonneuve et Côte-des-Neiges en pratiquant la pédiatrie sociale. Même si le spécialiste récolte chaque année plusieurs centaines de dons de la part d'individus et d'entreprises, il fait face aujourd'hui à un déficit anticipé de 900 000$.

Cette année, Québec a versé 470 000$ à la fondation du Dr Julien. Mais selon le pédiatre, un million lui avait été promis. En manque d'argent, le Dr Julien a dû couper dans ses activités. «J'ai perdu des employés de grande qualité. Et je m'apprêtais cet automne à coupe mes liens avec les écoles par manque de ressource», mentionne-t-il.

La journée d'aujourd'hui a été un véritable marathon pour le Dr Julien, qui a enfilé les entrevues médiatiques en plus de soigner quelques enfants. Cette course folle aura porté fruit: en fin de journée, le ministre Bolduc a annoncé que le Dr Julien recevra un million de dollars cette année. «Le ministre s'engage à trouver les quelque 500 000$  restant. Il tentera aussi de trouver une solution pour que le financement soit récurent», dit l'attachée de presse de M. Bolduc, Marie-Ève Bédard.

Le Dr Julien s'est dit soulagé par cette annonce : «Mais je reste prudent. Je ne dépenserai pas cet argent tant que je ne l'aurai pas».

Cette nouvelle soulagera aussi plus d'un parent montréalais. Cet après-midi, aux abords du centre d'Assistance d'enfant en difficulté (AED) du Dr Julien dans Hochelaga-Maisonneuve, plusieurs se disaient inquiets de voir «leur» Dr Julien en difficultés financières.

Nancy, une mère de famille de quatre enfants enceinte de son cinquième, venait porter son fils Anthony, huit ans, au camp de jour gratuit du Dr Julien. «Le Dr Julien est incroyable. Anthony souffre de dyslexie. Il m'a beaucoup aidée avec ça», a dit Nancy.

La soeur d'Anthony, la petit Joannie, 10 ans, a elle aussi profité de la générosité du Dr Julien. «Elle a reçu une bourse pour aller au collège privé quand elle sera au secondaire. J'ai pleuré quand j'ai su ça. Je n'aurais pas été capable de lui payer ça», souffle Nancy. Le père d'Anthony et de Joannie, Richard, était quant à lui troublé de voir que Québec tardait à subventionner le Dr Julien. «Le gouvernement ne met par l'argent à la bonne place», a-t-il commenté.

La député péquiste du quartier Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier, était quant à elle outrée. «Le Dr Julien est un pilier du quartier. Il fait la différence ici, a-t-elle déclaré. (...) C'est indécent de la part du gouvernement Charest de promettre de l'argent et de ne pas le verser.»

Au cabinet du ministre des Finances, Claude Bachand, on a assuré que le gouvernement n'a jamais promis de verser un million de dollars au Dr Julien. «C'est le Dr Julien qui nous a dit au printemps qu'il avait besoin de ce montant, explique l'attachée de presse du ministre Bachand, Catherine Poulin. Le gouvernement croit en ce que fait le Dr Julien et le  ministre Bolduc assure qu'il trouvera l'argent.»

Heureux de recevoir le financement de Québec, le Dr Julien espère toutefois que le gouvernement ira plus loin. «J'espère qu'on commencera à se questionner sur le sort réservé aux enfants au Québec. Comment traite-t-on nos enfants vulnérables? Et que fait-on pour aider? Il faut étendre la réflexion.»