Les services de néonatalogie de Montréal sont si débordés, actuellement, que tous sont dans l'incapacité d'admettre un seul poupon de plus. À tel point que, lundi matin, le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Sainte-Justine aurait dû transférer un bébé dans un hôpital d'Ottawa, a appris La Presse.

«Mais à la dernière minute, Sainte-Justine a trouvé une façon de garder ce bébé», dit la porte-parole de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, Chantal Huot.

Force est de constater que les difficultés des unités de néonatalogie, qui durent depuis plus de six ans dans la métropole, ne se règlent toujours pas. Hier, le CHU Sainte-Justine, qui peut accueillir 22 bébés prématurés, en traitait 26. À l'Hôpital de Montréal pour enfants, on accueillait 22 bébés alors que la capacité d'accueil est de 18.

«C'est plus que plein, partout à Montréal. À cause de ça, on doit transférer des bébés en Ontario ou à Sherbrooke et à Québec», a affirmé lundi après-midi la chef du service d'obstétrique et de gynécologie du CHU Sainte-Justine, la Dre Diane Francoeur, avant de trouver une solution pour garder le poupon devant être transféré.

«Nos 20 lits sont pris. Et dès qu'une place se libère, elle est immédiatement comblée», dit le porte-parole de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, François Brochu. L'Hôpital de Montréal pour enfants ne peut pas non plus accepter de nouveaux poupons. «On essaie simplement de s'occuper du mieux qu'on peut des patients qu'on a», explique la chef du service, la Dre Thérèse Perreault.

Plus d'accouchements l'été

Chaque été, depuis plus de six ans, les difficultés des unités de néonatalogie à Montréal font les manchettes. Un plus grand nombre de femmes accouchent durant l'été, alors que plusieurs infirmières sont en vacances. Les départements de néonatalogie, qui peinent déjà à trouver du personnel, sont donc au bord du gouffre durant la période estivale.

«Il faut que l'Agence (de la santé et des services sociaux de Montréal) bouge, martèle la Dre Francoeur. On a mis sur pied un comité de travail l'hiver dernier, mais on n'a pas encore vu de résultats. C'est une question de volonté.»

La Dre Perreault reproche aussi au gouvernement de ne rien faire pour corriger la situation. «Ça prend du personnel et de l'argent. On a reçu la visite du ministère de la Santé. Ça lui a pris un an pour nous pondre un rapport qui disait des choses qu'on savait déjà ! Heureusement que, sur le terrain, il y a des gens qui se préoccupent vraiment des patients. Sinon, rien ne fonctionnerait», dit la Dre Perreault.

Mme Huot réplique que la crise qui touche actuellement les services de néonatalogie «est moins grave que par les années passées». Selon elle, l'Agence travaille activement avec les centres hospitaliers secondaires pour qu'ils reprennent plus tôt les bébés stabilisés afin de libérer plus rapidement des lits en néonatalogie. «Mais ces solutions ne peuvent être implantées du jour au lendemain», dit-elle.

Mais la Dre Francoeur est plus inquiète que jamais à la veille de l'entrée en vigueur du projet de loi 26, qui prévoit le remboursement des traitements de fécondation in vitro pour plusieurs femmes.

«On sait que les femmes qui ont reçu une fécondation in vitro sont plus à risque de complications. Les demandes en néonatalogie vont augmenter. Mais si j'ai 300 bébés de plus par année, où vais-je les mettre ? Que va-t-on faire ?» demande la Dre Francoeur.

La Dre Perreault partage ses craintes. «C'est officiel que la demande va augmenter. Mais c'est plus payant pour un politicien d'annoncer un projet de financement de la fécondation in vitro qu'un investissement dans les services de néonatalogie !» remarque la Dre Perreault.