Était-il absolument indispensable que le premier ministre Charest aille en France pour cette mission de deux jours alors qu'il doit y retourner dans moins de six mois (en novembre) dans le cadre des «visites alternées» des premiers ministres français et québécois?

Pour Jean Charest, en tout cas, il s'agit d'une visite utile, essentiellement destinée à «maintenir la pression» dans le dossier des accords sur la mobilité professionnelle entre la France et le Québec. La preuve en est la signature aujourd'hui, en début d'après-midi, d'un accord sur les équivalences des diplômes et des statuts des infirmières françaises et québécoises.Par ailleurs, M. Charest pourra dire à juste titre qu'il a été bien reçu par les dirigeants français. Le premier ministre François Fillon - qui affrontait mardi et mercredi à 15h deux séances de questions hebdomadaires particulièrement houleuses au Parlement - l'a invité mardi midi à discuter des dossiers franco-québécois autour d'une table. Puis il l'a raccompagné sur le perron de l'hôtel Matignon.

Quant au président Nicolas Sarkozy, il a finalement confirmé mardi en début de soirée qu'il aurait un entretien avec Jean Charest à l'Élysée aujourd'hui en fin d'après-midi. Ajoutons que, pour la signature de ces nouveaux accords, le gouvernement français a mobilisé le ministre des Affaires étrangères en personne, Bernard Kouchner, qui s'entretiendra aujourd'hui avec M. Charest avant de l'inviter à déjeuner au quai d'Orsay puis de tenir un point de presse en sa compagnie. Le tapis était presque rouge, en somme.

«Cet accord que nous sommes près de finaliser avec la France sur la mobilité professionnelle est une première mondiale, a dit Jean Charest à la sortie de son déjeuner avec le premier ministre Fillon. D'ailleurs, dans le cadre des discussions de libre-échange avec le Canada, l'Union européenne s'intéresse beaucoup à cet accord. Nous avons déjà finalisé les conventions concernant 54 professions différentes, mais les dernières qui restent en négociation sont parfois celles qui posent le plus de problèmes. (...) De fait, si les dossiers ont bien avancé, c'est parce que le gouvernement s'en est occupé et a maintenu la pression.»

Dans le délicat dossier des infirmières, dit-on dans son entourage, la visite du premier ministre a eu pour effet de constituer une date butoir. Il y avait un problème d'équivalence, car toutes les infirmières françaises sont titulaires de l'équivalent de notre baccalauréat alors que, au Québec, certaines ont un bac et d'autres un diplôme collégial. Ce sont ces différences qu'il faut négocier et adapter.