Québec veut étendre le rayon d'action des pharmaciens.

Ainsi, les pharmaciens auraient le pouvoir de renouveler des ordonnances, voire d'en prescrire pour certains problèmes de santé mineurs.

Des négociations entre l'Ordre des pharmaciens et le Collège des médecins ont cours depuis quelques mois pour préciser le nombre et la nature des actes qui pourraient être accomplis par les pharmaciens.

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a confirmé mercredi, en point de presse, que le gouvernement voyait d'un bon oeil l'extension des pouvoirs accordés aux pharmaciens.

Ce faisant, M. Bolduc a saisi la balle au bond lancée le matin même par le député péquiste de Marie-Victorin, Bernard Drainville.

Le député avait convoqué les médias pour déplorer que le ministre Bolduc se traînait les pieds dans ce dossier, par manque de volonté politique.

Il tenait à faire valoir qu'une extension du mandat confié au pharmacien aurait le double mérite d'accélérer la prestation de services aux malades et de désengorger les cabinets de médecins et les salles d'urgence d'hôpitaux.

«Sur le fond, nous sommes d'accord», a répliqué le ministre, en point de presse.

«Il y a un travail qui pourrait être fait de plus par les pharmaciens», a-t-il convenu, faisant écho aux préoccupations exprimées par le député de l'opposition.

Même s'il partage le même objectif que l'opposition, le ministre Bolduc ne semble cependant pas pressé. Il a indiqué qu'il n'avait fixé aucune échéance aux deux parties pour s'entendre.

En gros, le plan consisterait à autoriser les pharmaciens à prolonger certaines prescriptions, dans les cas où l'état du patient est stable, de même qu'à prescrire des ordonnances pour traiter des affections mineures.

Selon Bernard Brainville, c'est d'abord une question de «gros bon sens».

Pour le patient, a-t-il cité en exemple, il ne serait donc plus nécessaire de se présenter chez le médecin pour divers problèmes sans gravité, comme l'infection urinaire, la conjonctivite, la nausée de grossesse ou les allergies.

Si les ordres professionnels réussissent à s'entendre, la première ligne du système de santé s'en trouverait d'autant soulagée.

Ainsi, en principe, les files d'attente dans les cliniques sans rendez-vous pourraient être moins longues et les salles d'urgences d'hôpitaux moins bondées.

«Pour la qualité de vie des Québécois, ce serait un gros, gros plus, une grande amélioration si nous donnions davantage de responsabilités à nos pharmaciens», selon M. Drainville.

De plus, c'est sans compter d'importantes économies en honoraires non versés aux médecins, a-t-il fait valoir.

Le trésor public «économiserait plusieurs dizaines de millions de dollars par année. C'est beaucoup d'argent», a calculé le député péquiste.

En appui à sa thèse, il a aussi fait valoir que d'autres provinces, comme le Nouveau-Brunswick, l'Alberta et la Colombie-Britannique, avaient déjà accordé ce type de pouvoirs aux pharmaciens.