Le Collège des médecins du Québec (CMQ) entend encadrer de façon plus serrée la chirurgie esthétique. D'ici un an, les médecins qui pratiquent des actes ou de la chirurgie esthétiques auront l'obligation de fournir de l'information sur la nature et le nombre de leurs interventions ainsi que de signaler les incidents et les accidents qui surviennent.

Dans la même veine, le Collège s'est aussi engagé mardi à créer un répertoire public des activités médicales de nature esthétique ainsi qu'un guide à l'intention des médecins. Ce guide insistera sur l'importance d'obtenir un consentement «libre et éclairé» des patients et précisera la formation nécessaire pour les différentes techniques esthétiques.«Avec le culte de la beauté, on en est arrivé à presque banaliser ce type de médecine. Pourtant, il y a du ménage à faire, a résumé en point de presse le Dr Yves Lamontagne, président-directeur général du CMQ. Il faut donc savoir quels médecins en font et qui fait quoi.»

Pour en venir à ces mesures, le Collège des médecins a créé un groupe de travail qui, pendant deux ans, a consulté plusieurs fédérations et associations de médecins, de même que l'avocat Jean-Pierre Ménard, de l'Association pour la protection médicale. Le groupe a ensuite formulé sept grandes recommandations.

Laser et lumière pulsée

Certaines de ces recommandations visent expressément les professionnels qui utilisent des lasers et de la lumière intense pulsée (LIP) à des fins esthétiques. On compte demander au gouvernement de rendre obligatoire une formation pour utiliser la LIP.

Le Collège des médecins entend de plus demander à l'Office des professions du Québec de faire modifier le Code des professions pour s'assurer que les techniciens opérateurs de laser se limitent à l'épilation. On désire enfin que la profession soit rattachée à un ordre professionnel et que les techniciens adhèrent à une assurance responsabilité.

Présent à l'annonce du Collège des médecins, le Dr Gilles Beauregard, président de l'Association des spécialistes en chirurgie plastique et esthétique, s'est dit déçu qu'on ne limite pas la pratique de la chirurgie aux médecins spécialisés dans le domaine.

«Il ne viendrait pas à l'idée de permettre à un orthopédiste de procéder à une opération cardiaque, illustre le Dr Beauregard. C'est la base du problème. Des omnipraticiens font de la chirurgie sans détenir la formation.»

Plus de mordant

Conscient du phénomène, le Dr Yves Robert, secrétaire du CMQ, estime que la création des cliniques médicales spécialisées (CMS), avec permis obligatoire sous la supervision d'un directeur médical, réglera une partie du problème. Le Réseau québécois d'action pour la santé des femmes, qui avait émis des recommandations en 2008, souhaite que le Collège donne plus de mordant à ses règles en obligeant les médecins à faire remplir un consentement écrit et en fournissant l'information complète sur les produits.

«De nombreuses femmes ne savent pas, par exemple, que les prothèses mammaires peuvent éclater sous n'importe quel genre de pression, explique Lise Goulet, agente de liaison du Réseau. Actuellement, on fonctionne par la pensée magique lorsqu'il est question de chirurgie esthétique, mais il ne faut pas oublier que ce type de médecine est souvent une business très lucrative.»

* * *

FORTE HAUSSE DE POPULARITÉ

Il n'y a pas de statistiques officielles au Québec sur le nombre d'interventions de chirurgie esthétique. Selon les dernières données de l'American Society of Plastic Surgeons, on connaîtrait depuis 2000 une augmentation de 48% il se serait pratiqué pour 11 millions d'interventions pratiquées par ses membres.