Les têtes dirigeantes des grands projets de centres hospitaliers universitaires (CHU) de Montréal étaient réunies, hier matin, dans une salle de la cour des petites créances au palais de justice de Montréal. Trois d'entre eux étaient assignés comme témoins dans une cause aux allures de combat de David contre Goliath qui oppose la petite firme québécoise Gestion RNB à la multinationale américaine URS.

Le directeur général associé du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Yanaï Elbaz, le directeur adjoint du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), Sylvain Villiard, et le directeur du projet de modernisation des CHU, Clermont Gignac, se sont présentés en cour hier matin, mais aucun n'a été entendu puisque la cause a finalement été suspendue pour une tentative d'entente à l'amiable.

 

La scène était plutôt inhabituelle, hier matin. Aucun des dirigeants d'URS ne s'est présenté - tous étaient représentés par leurs avocats. Les avocats de MM. Elbaz, Villiard et Gignac étaient aussi présents, si bien que la salle était remplie d'avocats alors qu'ils ne sont généralement pas admis aux petites créances. La présidente de Gestion RNB, Ruth-Nicole Bélanger, elle, s'est présentée seule.

Le juge Sylvain Coutlée a noté l'aspect inhabituel de la situation et rappelé que la poursuite ne s'élève qu'à 7000$ (le maximum permis aux petites créances). «Nous sommes ici depuis quelques minutes, et avec le taux horaire de toutes les personnes réunies ici, je suis certain qu'on a dépassé 7000$», a noté le juge, qui a fortement recommandé aux parties de s'entendre à l'amiable.

Combat titanesque

Mme Bélanger a entrepris des démarches judiciaires en 2008 afin de récolter une part des profits gagnés par URS dans les dossiers du CUSM et du CHUM. Mme Bélanger soutient que son entreprise avait signé en 2005 avec URS un contrat selon lequel elle devait récolter un pourcentage des profits réalisés par la firme au Québec.

URS, firme de génie qui a des antennes dans plus de 30 pays du monde, a participé au projet du CUSM. Elle est aussi membre de l'un des deux consortiums en compétition pour la construction du CHUM et était membre du consortium qui n'a pas obtenu le contrat de construction du Centre de recherche du CHUM, selon des documents de la défunte Agence des partenariats public-privé.

Mme Bélanger estime qu'une part des revenus récoltés par URS lui revient. Pour savoir exactement combien lui est dû, elle veut obtenir les contrats signés avec les CHU, ce qui lui a été refusé jusqu'à maintenant.

Mais il se pourrait que URS soutienne que le contrat qui la liait à Mme Bélanger a été résilié en 2006 et que rien ne l'oblige aujourd'hui à lui verser quoi que ce soit. Cet élément risque d'être au coeur des plaidoiries si jamais le procès a lieu, a laissé entendre le juge Coutlée hier.

C'est d'ailleurs ce qui risque d'arriver puisque la tentative d'entente à l'amiable a échoué et qu'une nouvelle date d'audience sera fixée.