Le président du Collège des médecins du Québec a donné le coup d'envoi à la course à sa succession, hier, en confirmant qu'il tire sa révérence. Après 12 ans à la tête de l'organisation, le Dr Yves Lamontagne a annoncé qu'il n'a pas l'intention de solliciter un quatrième mandat au mois d'octobre prochain, comme l'a révélé La Presse hier.

«Je suis un peu triste de ça parce que ce sont mes amis, ma famille, a dit le Dr Lamontagne en point de presse. Vous savez, je m'entends bien avec tout le monde. Si on m'avait mis dehors, ce serait autre chose, mais ce n'est pas le cas. Mais c'est sain pour l'organisation de donner la chance à un autre quand on a fait le tour du jardin. C'est mieux de partir quand on est haut que quand on est bas.»

 

Pas de politique en vue

Le Dr Lamontagne affirme qu'il n'aspire pas à un poste de ministre de la Santé ou au gouvernement. «Jamais je n'irai en politique, a-t-il dit du tac au tac. Mais je ne resterai pas pour autant dans mon salon. Je redeviens un joueur autonome, avec trois objectifs: revenir dans les médias, donner des conférences et, troisièmement, être consultant pour diverses organisations.»

Il n'a par ailleurs pas l'intention de se mêler de la course à sa succession, qui se fera par une élection du conseil d'administration formé de 28 médecins, dont fait partie Guy Lalonde, vice-doyen aux études médicales postdoctorales de l'Université de Montréal.

«On est en démocratie. Et ce n'est pas parce que je quitte le Collège que je suis obligé de mettre un autre pion à ma place», a lancé le Dr Lamontagne à ce sujet.

En quittant le Collège, le Dr Lamontagne affirme qu'il a droit à une prime de départ équivalente à un an de son salaire. Il a toutefois évité de préciser quelle en était la valeur. Dans les coulisses du secteur médical, plusieurs membres parlent d'une prime de plusieurs centaines de milliers de dollars, votée par le conseil d'administration, et provenant des cotisations des membres.

Principale réalisation

Également interrogé au sujet de sa principale réalisation, le Dr Lamontagne s'est dit fier de l'harmonisation des examens des facultés de médecine du Québec avec ceux des facultés du reste du Canada. Il regrette toutefois que le dossier de formation des infirmières praticiennes ne soit pas plus avancé.

«Le principal défi de mon successeur sera la pénurie, qui, soit dit en passant, est en train de s'améliorer, parce qu'on a doublé le nombre d'étudiants dans les facultés de médecine cette année. Je pense que si on continue dans la même voie, le problème sera réglé d'ici cinq ans. Notamment avec l'arrivée d'autres professionnels de la santé, comme les infirmières praticiennes.»

Présent au colloque du Collège tenu au même moment que l'annonce du départ du PDG, le Dr Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, a prévenu qu'il ne présentera pas sa candidature. Selon lui, au moins quatre médecins sont intéressés à prendre la relève du Dr Lamontagne, mais il s'est abstenu de dévoiler des noms.

«Moi, ce qui m'intéresse, c'est un réseau de la santé fonctionnel. Et présentement, j'ai plus d'effet au sein de la Fédération», a-t-il dit, en ajoutant qu'il ne désirait pas donner son appréciation des réalisations du Dr Lamontagne à la tête du Collège.

En ce qui concerne le projet de ticket modérateur, auquel le Dr Yves Lamontagne s'est de nouveau opposé, le Dr Barrette a répété que son imposition est, de toute façon, illégale. Le Dr Lamontagne croit pour sa part qu'avec toute la pression populaire, le gouvernement n'ira pas de l'avant.