Les cas d'infection à chlamydia et de gonorrhée ont explosé en Montérégie au cours des dix dernières années, comme partout ailleurs au Québec. La situation est à ce point alarmante dans cette région que la direction de la santé publique a décidé de revoir ses stratégies, notamment dans les écoles, en ciblant même les enfants du primaire.

En dix ans, les cas de chlamydiose déclarés annuellement ont plus que doublé, pour toucher 2136 personnes en 2008. Et ce sont particulièrement les adolescents et les jeunes de 25 ans et moins qui sont touchés. Quant à la gonorrhée, la direction de la santé publique de la Montérégie a dénombré 181 cas en 2008, c'est-à-dire trois fois plus qu'en 1999, année où 66 cas avaient été déclarés.

La directrice de l'Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, Dre Jocelyne Sauvé, a parlé d'une épidémie «silencieuse qui passe sous le radar», hier matin, en dévoilant son 5e rapport sur les Infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Une autre infection, la syphilis, qu'on croyait éradiquée, a touché 39 personnes en 2008, comparativement à aucune, en 1999. Il s'agit d'une «explosion» des cas, a déploré Dre Sauvé.

Au final, seule l'hépatite B enregistre une baisse, avec 3 cas en 2008, comparativement à 41, en 1999. Une diminution attribuable en majeure partie à la campagne de vaccination amorcée en 1994. Forte de ces résultats, la direction de la santé publique de la Montérégie entend améliorer l'accès à des tests de dépistage et aux traitements. On veut aussi cibler les groupes plus vulnérables, comme par exemple les jeunes en difficulté, dit-on. Mais l'Agence a aussi signifié sa volonté de «revamper» ses programmes en milieu scolaire, pour les étendre au niveau primaire.

«L'éducation sexuelle fait partie des priorités en milieu scolaire, mais il y en a d'autres comme le taxage et les gangs de rue, a expliqué Dre Sauvé. Et il y a aussi l'obésité. La concertation est bonne entre le milieu de la santé et le milieu de l'éducation. Ce n'est pas un problème de volonté que nous avons, mais de priorités.»

Afin de sonder les jeunes sur leur éducation en matière d'ITSS, l'Agence de santé de la Montérégie a approché des étudiants universitaires pour découvrir que plusieurs croient à tort que les infections sont aujourd'hui mieux contrôlées. Notamment, grâce aux condoms. Les jeunes semblaient aussi ignorer les risques liés à certaines infections, comme le virus du papillome humain (VPH), responsable du cancer du col de l'utérus et des condylomes.

L'infection est en hausse et touchera de 70 à 80% des hommes et femmes au cours de leur vie.

Au cours des prochains jours, la direction de la santé publique de la Montérégie fera la tournée de municipalités de son territoire, en passant notamment par Valleyfield, Saint-Jean-sur-Richelieu et Chateauguay, pour faire connaître les conclusions du dernier rapport sur les infections.