De passage à l'hôpital du Sacré-Coeur pour le lancement de la nouvelle unité de soins coronariens lundi après-midi, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s'est fait apostropher par une dizaine d'infirmières venues dénoncer les agissements du gouvernement dans les négociations actuelles.

«Les propositions actuelles du gouvernement sont inacceptables. On se demande comment on peut en arriver à une entente», a dit le président du syndicat des travailleurs de l'hôpital du Sacré-Coeur, Roger André.Surpris, le ministre Bolduc, qui se préparait à rencontrer la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) en soirée afin de dénouer l'impasse, a déclaré qu'il est «normal» d'avoir des positions divergentes dans des négociations. Il assuré les syndiqués de sa bonne foi et a dit souhaiter arriver à une entente avant demain.

Quelques heures plus tôt, la présidente de la FIQ, Régine Laurent, en conseil extraordinaire, a qualifié les offres patronales d'odieuses et de catastrophiques. En conséquence, elle a annoncé à ses 500 délégués réunis à Montréal qu'ils seront appelés à adopter une politique de services essentiels aujourd'hui afin d'entreprendre des moyens de pression dans un cadre légal.

«Nous avons une décision importante à prendre à la hauteur des problèmes que nous vivons tous et toutes dans le réseau public de la santé», a lancé Mme Laurent sous les applaudissements.

Vendredi, à la lecture des offres du gouvernement, la FIQ a quitté la table sectorielle de négociations. Selon sa présidente, les solutions du gouvernement Charest pour contrer les heures supplémentaires consistent à «allonger le calcul des heures régulières, à allonger les semaines de travail et à abolir les postes saisonniers en refusant de s'attaquer aux agences privées de placement».

En point de presse, après s'être adressée aux délégués, Mme Laurent a expliqué que c'est «l'addition» qui a fait en sorte que la FIQ a quitté la table de négociations vendredi. «On nous a dit concernant la prohibition des agences privées: «Oubliez ça, on n'en parlera jamais.» Devant les horreurs, on n'avait pas le choix.»

Avant de recourir à des moyens de pression, ce qui pourrait prendre de 90 à 120 jours, le temps d'obtenir un mandat en ce sens dans un cadre légal, la FIQ entend aussi demander la médiation. La Fédération, qui représente 58 000 infirmières, auxiliaires et inhalothérapeutes, chiffre ses demandes à 300 millions de dollars, alors que le gouvernement les estime à 2 milliards.