Les produits de santé naturels se retrouvent partout. Ils sont en vente libre dans les pharmacies et des personnalités connues vantent leurs mérites dans les publicités. Mais ils ne sont pas aussi inoffensifs qu'ils en ont l'air.

Ils représentent un danger potentiel dans la mesure où ils peuvent entrer en interaction avec d'autres produits ou médicaments. Même un produit qui semble aussi banal que l'ail peut interagir avec un médicament pour traiter le diabète, par exemple, et entraîner des conséquences graves pour la santé du patient.

 

Le Coumadin, anticoagulant fréquemment prescrit pour éviter la formation de caillots sanguins, est sans doute l'un des médicaments pour lesquels on signale le plus d'interactions avec des produits de santé naturels.

«On note au moins 25 produits qui agissent sur la coagulation», affirme la présidente de l'Ordre des pharmaciens, Diane Lamarre. Les risques sont nombreux, allant de l'AVC à l'hémorragie.

L'an dernier, l'Ordre des pharmaciens du Québec demandé que le millepertuis, utilisé dans le traitement de la dépression légère, ne soit plus offert en vente libre mais conservé derrière le comptoir du pharmacien.

Le produit agit sur plusieurs médicaments et comporte un risque de toxicité. Il est également associé à des rejets de greffe, explique Mme Lamarre.

Des regroupements et des praticiens de médecines complémentaires croient plutôt qu'il faut fournir davantage d'information au sujet du produit au lieu de le retirer carrément de la vente libre. Pour l'heure, la demande de l'Ordre des pharmaciens est toujours à l'étude.

En 2004, aux fins de l'adoption du Règlement sur les produits de santé naturels, Santé Canada a entrepris l'évaluation des produits en vente libre. Depuis le 1er janvier dernier, tous les produits de santé naturels devraient avoir un numéro de produit naturel (NPN) pour être vendus sur les tablettes. Mais le ménage est long à faire. Près de trois mois après la date butoir, des milliers de produits sont toujours en vente sans avoir obtenu leur code.

De leur côté, l'Ordre des pharmaciens et le Collège des médecins du Québec ont publié une brochure il y a quelques années pour mettre en garde le public contre les effets des produits naturels.

En attendant, la meilleure précaution est de discuter avec un professionnel de la santé. Le pharmacien doit savoir que le patient prend des produits naturels au moment de lui vendre ses médicaments, insiste Mme Lamarre.

D'autant plus que, dans bien des cas, le patient commence à prendre un produit naturel à la suite de la recommandation d'un ami ou d'un membre de la famille, a révélé un sondage mené pour Santé Canada en 2005. Or, ce qui fonctionne pour une personne ne fonctionne pas nécessairement pour l'autre.

«Il faut que la population soit bien consciente que les produits de santé naturels ne sont pas sans effets et sans effets secondaires. Toute action a sa réaction et il existe beaucoup d'interactions médicamenteuses», prévient Mme Lamarre.

Mais il n'y a pas que de mauvais côtés. S'ils peuvent interagir de façon nocive avec certains médicaments, les produits naturels peuvent également être des alliés. Ils peuvent par exemple aider à contrer les effets secondaires désagréables de certains médicaments. Il n'y a qu'à penser aux probiotiques, qui contribuent à restaurer la flore intestinale chez un malade qui a pris des antibiotiques.

Un produit naturel peut aussi atténuer les effets secondaires causés au foie par certains médicaments contre le cholestérol.

Si le pharmacien est formé à ce sujet, il sera de meilleur conseil pour son patient, souligne le pharmacien et homéopathe Michel Groleau.

 

Pourquoi utiliser des produits de santé naturels?

18% des répondants croient qu'ils sont meilleurs que les médicaments pharmaceutiques (30% des Québécois sont de cet avis);

18% sont inquiets face à leur santé;

44% veulent conserver ou améliorer leur santé.

Les vitamines (57%), l'échinacée (15%), les produits à base d'herbes, d'algues et de champignons (11%) et la glucosamine (8%) sont les plus fréquemment utilisés.

Les résidants de la Colombie-Britannique et de l'Alberta consomment plus de produits naturels que les Québécois.

Pour obtenir de l'information sur les PSN, les Québécois se tournent plus volontiers vers le pharmacien que les résidants des autres provinces, qui cherchent plutôt sur l'internet.

Source: Enquête de référence menée sur les produits de santé naturels auprès de consommateurs, Santé Canada, 2005.

 

Saviez-vous que...

81% des répondants croient que, dans l'avenir, la consommation de produits naturels va continuer d'augmenter.

71% des Canadiens ont utilisé un produit de santé naturel (PSN), mais 45% disent ne pas bien connaître ces produits.

52% des répondants se disent fortement d'accord ou plutôt d'accord avec l'énoncé «les PSN sont sans danger parce qu'ils sont faits d'ingrédients naturels».

38% des utilisateurs de PSN le font sur une base quotidienne, comparativement à 37% de façon saisonnière.

20% des répondants disent utiliser les PSN que quelqu'un leur a recommandé, dont 13% sur les conseils d'un parent ou d'un ami.