Recueilli dans le cordon ombilical dès la naissance de l'enfant, le sang de cordon contient des cellules «mères» dont l'étendue des pouvoirs curatifs entretient bien des espoirs, du traitement de la leucémie chez l'enfant à la régénération possible des tissus cardiaques chez l'adulte. La banque publique d'Héma-Québec gagne rapidement en popularité, mais le don de sang de cordon est encore moins connu au Québec qu'ailleurs, a constaté Pascale Breton.

Héma-Québec est dépassé par le succès de sa banque publique de sang de cordon ombilical au point d'avoir été récemment incapable de traiter à temps certaines inscriptions.

 

La situation revient à la normale avec l'embauche récente d'infirmières supplémentaires.

Mais à la fin de l'automne dernier, les futures mères étaient si nombreuses à vouloir faire don du sang de cordon au moment de leur accouchement que certaines n'ont pu s'inscrire dans les délais requis.

«Avant les Fêtes, nous n'avions pas assez de monde et nous avons peut-être 5 à 10 femmes pour qui il était trop tard», reconnaît Diane Roy, directrice du registre des donneuses d'Héma-Québec.

Dès son implantation, la banque publique de sang de cordon a connu un succès rapide. Le centre hospitalier universitaire Sainte-Justine et l'hôpital St. Mary's ont été les premiers à y contribuer. Les femmes qui y accouchaient se voyaient offrir l'occasion de faire don du sang du cordon ombilical, un déchet biologique qui est autrement jeté.

Au cours de l'année 2008-2009, cinq autres hôpitaux se sont inscrits au programme.

Mais par conséquent, Héma-Québec a aussi été victime de son succès.

Les mères doivent en effet s'inscrire avant leur 36e semaine de grossesse. Dans les faits, elles sont jointes bien avant, dès la 25e semaine, par une infirmière de l'organisme qui révise avec elles leur inscription pour s'assurer que le sang du cordon ombilical pourra être recueilli dès les premières minutes après l'accouchement.

Héma-Québec a été submergé par le nombre d'inscriptions. «Nous avions pris du retard, nous étions rendus à appeler les mamans à leur 36e semaine de grossesse et certaines avaient déjà accouché. Mais là, avec l'embauche de nouvelles infirmières, nous sommes revenus à 25 semaines», explique Mme Roy.

Le sang de cordon contient une quantité importante de cellules souches. Il s'agit des cellules «mères» à partir desquelles se forment les globules blancs, les globules rouges et les plaquettes. Elles sont utilisées dans le traitement de certaines maladies, notamment pour des greffes chez les personnes atteintes de cancer.

Objectif atteint

À peine quelques années après sa création, la banque publique d'Héma-Québec - la deuxième du genre au Canada - a atteint sa vitesse de croisière. L'organisme prévoit mettre en banque quelque 2000 poches contenant du sang de cordon chaque année.

En décembre 2008, Héma-Québec a mis ses réserves à la disposition du centre canadien de transplantation et, depuis, quatre greffes provenant de la banque publique québécoise ont été réalisées.

Le CHU Sainte-Justine est un partenaire de la première heure. Il a participé à la conception du projet. C'est également un centre reconnu pour la recherche sur les cellules souches et la réalisation de greffes.

Le directeur du service d'hémato-oncologie, le Dr Michel Duval, confirme le succès du programme auprès des futures mères. «C'est très populaire et les gens veulent donner le sang de cordon. En fait, on a même des situations où, pour des problèmes techniques ou des difficultés au moment de l'accouchement, on ne peut pas le recueillir et les gens sont déçus.»

La technique n'est pas compliquée, mais demande une certaine formation. Le sang doit être recueilli dès la naissance de l'enfant, sitôt le cordon coupé, avant l'expulsion du placenta.

La plupart des mères peuvent faire don du sang de cordon, à moins qu'elles ne soient atteintes d'une maladie grave, comme le cancer, le VIH ou l'hépatite B ou C.

La qualification du don dépend ensuite du volume sanguin et du nombre de cellules souches qu'il contient.

Dans les hôpitaux comme Sainte-Justine ou St. Mary's - les plus habitués à recueillir le sang de cordon -, un don sur deux se qualifie. Dans les hôpitaux qui se sont nouvellement inscrits au programme d'Héma-Québec, on parle plutôt d'un don sur quatre.

La greffe de sang de cordon est principalement utilisée chez les enfants malades, atteints de leucémie notamment, lorsqu'il est impossible de trouver un donneur de moelle osseuse compatible.

Les médecins se tournent d'abord dans la fratrie de l'enfant pour trouver un donneur compatible. Il y a une chance sur quatre de trouver un frère ou une soeur compatible. S'il n'y en a pas, on cherche un donneur étranger qui serait compatible en comparant le typage HLA.

Mais pour une personne sur trois, on ne trouve aucun donneur compatible. «Les conséquences sont alors énormes. L'enfant va mourir faute de greffe», explique le Dr Duval.

La greffe de sang de cordon s'avère alors une excellente option. Le CHU Sainte-Justine en réalise une quinzaine par année.

Grâce à l'avancée de la recherche, il est aussi possible d'utiliser le sang de cordon chez l'adulte en mélangeant deux poches. Avant, comme il ne contenait pas suffisamment de cellules souches, il fallait le réserver aux patients pesant moins de 50 kg.

Diane Roy, d'Héma-Québec, croit qu'en raison de ces nouvelles avancées, la banque est appelée à croître davantage. «Pour l'instant, l'utilisation des banques est d'environ de 1 à 2%, mais ça tend à augmenter avec l'utilisation du sang de cordon chez l'adulte.»

 

7 Hôpitaux participent au programme d'Héma-Québec: Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, hôpital St. Mary's, hôpital Royal Victoria, hôpital de LaSalle, Cité-de-la-Santé de Laval, Centre mère-enfant du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) et hôpital Saint-François d'Assise du CHUQ.

2000 dons de sang de cordon sont faits chaque année (objectif d'Héma-Québec).

Entre 10 et15 greffes de sang de cordon sont pratiquées chaque année au centre hospitalier universitaire Sainte-Justine - l'un des leaders dans le domaine chez les enfants.

1 personne sur 3 risque de ne trouver aucun donneur compatible pour un malade atteint de leucémie. Le sang de cordon devient alors une option intéressante.