Aux prises avec une liste d'attente qui a explosé en deux ans, alors que le tiers des patients sont opérés après les délais jugés acceptables, l'Institut de cardiologie de Montréal (ICM) assure avoir tout mis en place pour un retour à la normale dans les six mois.

L'ICM a été victime, comme tous les hôpitaux québécois, de la pénurie d'infirmières, ont expliqué ses porte-parole en conférence de presse jeudi matin. On estime qu'il manquerait une vingtaine d'infirmières dans cet établissement. Facteur aggravant, une des quatre salles d'opération a été fermée pour rénovations jusqu'en janvier dernier.

Parmi les 217 patients de l'ICM, pratiquement tous ceux qui ont besoin d'une intervention urgente - une quinzaine de cas - l'obtiennent en moins de six semaines, assurent les responsables. Actuellement, 74 patients en attente d'une opération moins urgente dépassent le délai recommandé de trois mois. Rendus inquiets par les manchettes des derniers jours qui ont fait état du cas d'un homme mort avant d'avoir pu être opéré, certains de ces patients ont joint l'ICM, confirme-t-on.

Rassurer les patients

La conférence de presse de jeudi se veut une façon de les rassurer, admet Michel Carrier, chirurgien cardiaque. «Ces patients en attente qui voient leur condition médicale changer doivent en aviser leur médecin. La totalité des malades qui ont besoin de soins d'urgence les reçoivent.»

L'augmentation de l'attente en chirurgie cardiaque n'est pas nouvelle: il y a une décennie, on estimait que 450 patients étaient attendaient une intervention à l'ICM - ils étaient plus de 800 à l'échelle du Québec. Des investissements supplémentaires de Québec ont permis d'ouvrir des salles d'opération et de ramener la liste à une centaine de patients il y a deux ans. On estime ce nombre «optimal» pour le fonctionnement d'un hôpital comme l'ICM, précise le Dr Carrier.

Pour revenir à ce chiffre, il faut recruter de nouvelles infirmières. Un effort «exceptionnel» a permis d'en attirer 200 depuis deux ans, précise le directeur général de l'ICM, Robert Busilacchi. «Il faut maintenant les retenir. C'est peut-être coûteux, mais ça le serait encore plus de ne rien faire», ajoute le Dr Carrier. Les heures supplémentaires obligatoires sont pratiquement inexistantes, et les responsables de l'hôpital assurent qu'ils sont «très à l'écoute» des besoins de ces professionnelles recherchées. Le taux de rétention des infirmières, de 83% après un an, est considéré comme une preuve que ces efforts ont été récompensés.

Avec plus de 1600 opérations par année, l'Institut de cardiologie de Montréal pratique près de 40% des interventions de ce type au Québec.