En dépit du plan d'action du ministre Bolduc afin de tripler le nombre d'interventions en chirurgie bariatrique d'ici trois ans, ce n'est pas demain la veille que le réseau de la santé pourra ouvrir ses salles d'opération aux adolescents gravement obèses.

Pourtant, une étude parue cette semaine dans le Journal of the American Medical Association démontre que la chirurgie donne des résultats plus probants que les régimes amaigrissants doublés d'un programme d'exercice. L'étude a été menée par le Dr Paul O'Brien, de la Monash University, en Australie, auprès de 50 jeunes âgés de 14 à 18 ans dont l'indice de masse corporelle (IMC) était de plus de 35.

 

Les adolescents devaient avoir des complications identifiables: hypertension, asthme, mal de dos, limitations physiques, faible estime de soi, etc. Et ils devaient avoir tenté de perdre du poids durant plus de trois ans.

Dans le groupe, la moitié a subi une opération de chirurgie bariatrique par laparoscopie. L'autre moitié a suivi un régime et un programme d'exercice régulier, en collaboration avec les familles pour des activités extérieures.

Parmi les jeunes qui ont subi l'intervention, 84%, c'est-à-dire 21 adolescents sur 25 (un a abandonné) ont perdu 50% de leur poids. Dans l'autre groupe, où sept participants ont abandonné en cours de route, seulement 12%, soit trois jeunes, sont parvenus à perdre 50% de leur masse corporelle.

Afin de vérifier les bienfaits de la chirurgie, les patients ont été suivis durant deux ans. La période est relativement courte, concède l'équipe du chercheur australien, mais elle a permis de noter une réduction des facteurs de maladies cardiovasculaires et de diabète.

Ceux qui ont suivi un régime strict ont eu du mal à maintenir le rythme et ont repris le poids perdu après 12 mois. Les chercheurs concluent également que cette méthode coûte plus cher à long terme, ne serait-ce qu'en matière de soutien nutritionnel.

Le Dr Nicolas Christou, du CUSM, l'un des seuls spécialistes au Québec à se consacrer exclusivement à cette pratique, estime que l'étude est solide. Mais il ajoute que la chirurgie n'est pas accessible aux jeunes du Canada.

«J'ai déjà opéré un adolescent avec succès, mais dans ma clinique privée. Ces opérations nécessitent la contribution d'une grande équipe», dit-il. Selon lui, parce que les jeunes souffrant d'obésité grave sont moins à risque de mourir à court terme que les adultes, l'attente en chirurgie est de 10 ans.