Les quatre consortiums sélectionnés pour construire le centre universitaire de santé anglophone de Montréal et le centre de recherche du CHUM, au centre-ville, sont officiellement lancés dans une course contre la montre pour revenir avec des propositions respectant les coûts fixés par le gouvernement. Des coûts qui ont été revus et approuvés à la hausse il y a une dizaine de jours par le ministre de la Santé.

Les consortiums ont jusqu'à la mi-mars pour refaire leurs devoirs en vertu d'un décret gouvernemental qui confirme que leurs propositions financières, déposées en novembre dernier, étaient «non conformes». Sans quoi le gouvernement pourrait décider d'écarter la formule en partenariat public-privé, pour se tourner vers un mode de construction conventionnel, selon les informations obtenues par La Presse, mais qui n'ont pas été confirmées par le cabinet du ministre.

Jointe lors de l'inauguration des nouvelles urgences de l'hôpital de Montmagny, vendredi, Karine Rivard, l'attachée de presse du ministre Yves Bolduc, n'a pas voulu s'aventurer dans les détails pour des raisons stratégiques, mais elle a confirmé qu'il y a «effectivement des options.»

«Il est clair que nous avons des options si les propositions ne correspondaient pas à nos cadres cliniques et financiers, a-t-elle précisé. Mais on garde bon espoir et on espère que les consortiums sauront se conformer dans les délais prescrits.»

Afin de donner une plus grande marge de manoeuvre aux consortiums retenus par l'Agence des partenariats public-privé, le gouvernement a révisé ses critères financiers dont les bases avaient été jetées en 2008. Le coût projeté pour la construction du CUSM passe donc de 1,13 à 1,34 milliard de dollars, et celui du CHUM, anciennement évalué à 320 millions, s'élève maintenant à 470 millions, somme qui comprend la transformation de l'immeuble Vidéotron.

À SNC-Lavalin, entreprise privilégiée par le CUSM, où la direction s'était vertement prononcée contre la décision du gouvernement de poursuivre l'appel de propositions, on a fait savoir, vendredi, qu'aucun commentaire ne serait émis. Selon une source proche de la direction, avec qui La Presse a pu discuter, SNC-Lavalin n'hésiterait pas à invoquer une clause de son entente avec le CUSM pour intenter une poursuite contre le gouvernement si elle n'était pas retenue à la fin du processus. L'autre consortium, dont la firme Cardinal Hardy fait partie, a été formée par l'entreprise Obrascon Huarte Lain.

Les consortiums retenus pour la construction du centre de recherche du CHUM sont Accès Recherche CHUM et Consortium Axor-Dalkia, qui se sont qualifiés en novembre 2007 pour participer à l'appel de propositions. Chez Axor, on a expliqué vendredi que la firme était tenue par des accords de confidentialité, et qu'on n'allait pas commenter.

Si les propositions révisées répondent aux critères gouvernementaux, l'annonce des soumissionnaires sélectionnés devrait être faite au mois d'avril. Le grand manitou de l'aspect financier de la construction des trois centres universitaires, Clermont Gignac, qui s'est engagé à ce qu'il n'y ait pas de dépassements de coûts dans les trois constructions, a décliné une demande d'entrevue. À son bureau, on a expliqué vendredi qu'il n'accorderait plus d'entrevue aux médias, et qu'il laissait cet aspect du dossier aux responsables à Québec.