Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, cherchait un sauveur pour son projet d'informatisation des dossiers de santé. Il a déclaré forfait.

Le ministère de la Santé a retiré son appel de candidatures pour un «conseiller stratégique en redressement de projet», en remplacement d'un spécialiste externe qui coûtait 300 000$ par année.

 

Dans le monde de l'informatique, on indique à La Presse que le géant CGI vient de publier une offre de poste pour un chargé de projet destiné au ministère de la Santé, une description de tâche qui correspond passablement à la perle rare que cherchait jusqu'ici le Ministère sans passer par le secteur privé.

Loin du compte

Lancé en 2006 pour être livré en juin 2010, le «Dossier Santé Québec» (DSQ) devait permettre d'informatiser les dossiers des patients et de les rendre accessibles d'un établissement à l'autre. Trois ans plus tard, et après avoir engagé 320 millions de fonds publics, en bonne partie venus d'Ottawa, le projet du DSQ est toujours bien loin du compte. Un seul des quatre volets sera livré, et avec un an de retard, avait expliqué le ministre Bolduc à l'Assemblée nationale, à la mi-novembre.

Hier, à son cabinet, il n'était pas question de commenter le réalignement de stratégie autour du «redresseur» de projet, «c'est une question administrative», a dit Marie-Ève Bédard, porte-parole du ministre.

Selon Karine White, du ministère de la Santé, l'offre de service pour dénicher un spécialiste en «redressement» est tombée à l'eau après qu'on eut réévalué le projet au Ministère. On cherche plutôt, par l'entremise de CGI, qui bénéficie d'un «contrat ouvert» avec le ministère, un «architecte expert» pour la création de ce projet, a expliqué Mme White. Le ministère de la Santé compte déjà plusieurs consultants «experts» travaillant pour CGI, a-t-elle précisé.

Manque de transparence

Joint hier, le député péquiste Bernard Drainville, critique de l'opposition en matière de santé, a souligné le manque de transparence de toute cette opération de recherche d'un «redresseur» finalement confiée au privé, selon lui. «On essaie de faire par la porte d'en arrière, en catimini. C'est indécent!» a-t-il lancé.

«Après avoir dépensé des dizaines de millions en gestion pour ce projet, après que le sous-ministre adjoint, Bernard Lefrançois, eut dit qu'il était «le pilote de l'avion», on décide de tout confier à un consultant extérieur.»