La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) presse Québec de se doter dès maintenant de standards de qualité plus stricts dans le dépistage du cancer du sein. Le gouvernement n'écarte pas cette piste mais attend «un consensus du milieu médical» avant de procéder.

Toutes les femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein au Québec subissent ensuite des analyses en pathologie pour déterminer le traitement approprié. Au cours des derniers mois, 2856 tests de pathologie réalisés entre avril 2008 et juin 2009 ont été révisés. Dans 87 cas, les analyses étaient erronées.

Actuellement, toute patiente dont l'analyse révèle 10% et moins de cellules touchées ne reçoit pas nécessairement de traitement hormonal. «Ça laisse place à l'interprétation du pathologiste», explique le président de la FMSQ, le Dr Gaétan Barrette. Selon lui, la norme internationale recommande plutôt un traitement hormonal dès qu'un taux de 1% est atteint.

«Si on met la limite de vitesse à 140 km/h, on n'en aura pas, de contraventions! plaide le Dr Barrette. C'est urgent d'avoir des normes uniformes et le plus sensibles possible. Hausser les exigences à 1% ne coûterait rien. Et cette mesure pourrait être appliquée dès maintenant.»

«Ce changement de standard n'enlèverait pas la marge de manoeuvre du médecin, qui pourrait tout de même décider de donner le traitement hormonal ou non. Mais les standards seraient plus sévères», ajoute la porte-parole de la Coalition Priorité cancer, Nathalie Rodrigue.

Selon elle, les 87 patientes dont les tests de pathologie se sont révélés erronés ne doivent pas s'inquiéter. «Mais elles devraient demander à leur médecin quel était leur pourcentage de cellules», dit-elle, une donnée que possèdent les médecins.

Au contraire, le Dr Jean Latreille, hémato-oncologue à l'hôpital Charles-LeMoyne, ne croit pas qu'une norme de 1% doive être imposée. «Ce serait prématuré», dit-il.

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, confirme qu'il n'existe actuellement aucun consensus dans la communauté médicale. Il attend les recommandations des experts sur cette question. «Si les experts font consensus, et on va rechercher le consensus, je m'engage à le respecter et à l'appliquer. Nos experts, qui, je le rappelle, sont parmi les meilleurs experts au monde en matière de cancer du sein, vont nous faire les recommandations», a dit le ministre Bolduc.

Avec la collaboration de Pascale Breton