Le directeur national de la santé publique, Alain Poirier, ira rencontrer cette semaine des médecins de la Côte-Nord qui ont l'intention de démissionner afin de protester contre les risques de l'exploitation de l'uranium dans la région.

La semaine dernière, 20 médecins ont causé une onde de choc en annonçant qu'ils quitteraient leur poste à cause de travaux d'exploration minière amorcés à 20 kilomètres de Sept-Iles.

Le bureau du ministre de la Santé, Yves Bolduc, a indiqué lundi que M. Poirier ira leur expliquer un avis de la santé publique stipulant que les activités d'exploration d'uranium sont sans danger.

«Le docteur Poirier voulait se rendre disponible pour expliquer ce qu'on sait de l'uranium», a déclaré Marie-Eve Bédard, l'attachée de presse de M. Bolduc.

Lundi, M. Bolduc a annoncé la visite de M. Poirier à la députée péquiste de la région de Sept-Iles, Lorraine Richard, qui a joint sa voix aux médecins la semaine dernière.

Lors d'une entrevue téléphonique, Mme Richard a affirmé que lors de cette rencontre avec M. Poirier, prévue vendredi, les médecins tenteront d'obtenir qu'il prenne position sur les risques liés à l'extraction du minerai.

«Pour toute la question de l'exploitation, il n'y a pas d'avis de la part de la santé publique», a-t-elle dit.

Selon Mme Richard, étant donné les sommes nécessaires à l'exploration, il est difficile de croire que cette première étape ne mènera pas directement à l'extraction.

«J'ai bien hâte de voir comment la santé publique va mener ce dossier-là», a-t-elle dit.

Dans une lettre envoyée jeudi dernier à M. Bolduc, les 12 spécialistes et huit omnipraticiens réclament un moratoire sur cette l'exploitation de l'uranium, qu'ils jugent nocive pour la santé publique.

Les signataires, qui travaillent tous au Centre hospitalier de Sept-Iles, s'inquiètent des risques liés à la radioactivité du minerai, dont les sous-produits constituent la principale cause du cancer du poumon chez les non-fumeurs.

Sans fixer de délai, les médecins ont indiqué qu'ils mettront leur menace à exécution s'ils n'obtiennent pas d'engagement clair de la part du gouvernement.

La semaine dernière, le ministre délégué aux Ressources naturelles, Serge Simard, a tenté de se faire rassurant en affirmant que le gouvernement se rangera derrière la population si elle ne veut pas de mine d'uranium dans la région.

Lundi, trois autres médecins de famille se sont joints au mouvement de contestation en appui aux 20 médecins.

Par ailleurs, le directeur québécois du Syndicat des Métallos, Daniel Roy, qui a habité durant 44 ans à Sept-Iles, a dénoncé le geste des médecins. Il a rappelé que leur démission en bloc est survenue avant même que des études aient été menées sur les conditions d'exploitation du minerai.

«Un débat en bonne et due forme doit être tenu, une consultation doit être organisée, des études scientifiques doivent éclairer la discussion», a-t-il dit dans un communiqué.