Le Collège des médecins du Québec (CMQ) a ouvert une enquête sur les 20 médecins de Sept-Îles qui ont annoncé leur démission en bloc afin de dénoncer un projet de mine d'uranium à Sept-Îles.

Le Dr Yves Lamontagne, président de l'organisme gardien des bonnes pratiques dans le milieu médical, n'a guère apprécié la sortie des praticiens du Centre hospitalier de Sept-Îles. Les médecins ont décidé de quitter la région et, dans certains cas, la province pour s'opposer au projet de mine.

 

«S'il fallait que tous les médecins démissionnent en bloc parce que quelque chose ne leur plaît pas dans leur coin, comme on est en pénurie de médecins, ce serait un chaos épouvantable», a affirmé le Dr Lamontagne.

Le Collège n'a pas reçu de plainte formelle à la suite de la sortie spectaculaire des médecins, mais il peut prendre l'initiative de lancer une investigation lorsqu'il le juge opportun. Le directeur des enquêtes du CMQ interrogera donc la direction de l'hôpital et les médecins concernés dès aujourd'hui.

Éthique

Pour le Dr Lamontagne, le code de déontologie des médecins québécois est clair. Ils doivent «s'abstenir de participer à une action concertée de nature à mettre en danger la santé ou la sécurité d'une clientèle ou d'une population».

«S'ils mettaient leur décision à exécution, je pense que ce serait un manque flagrant d'éthique professionnelle, estime-t-il. Les médecins sont d'abord là pour traiter les malades.»

Il regrette par ailleurs l'anxiété que risque de provoquer la menace des médecins au sein de la population de la Côte-Nord.

Les médecins démissionnaires affirment qu'ils violeraient leur code de déontologie en restant muets sur l'exploitation de mines d'uranium au Québec, une activité néfaste pour la santé publique. Ils soulignent que les entreprises minières ont repris leurs activités après avoir obtenu l'autorisation de construire une route d'accès vers un site d'exploration non loin de Sept-Îles. Pour eux, c'est signe qu'une mine verra le jour malgré une vive opposition dans la région.

L'avocat Paul Brunet, du Conseil pour la protection des malades, estime que les médecins devraient solliciter des rencontres avec des autorités compétentes au lieu de brandir la menace de démissionner. Et ce, même si leur geste a pour but de promouvoir la santé publique.

«Au bout du compte, quand la chicane prend, ce sont toujours les malades qui paient, déplore-t-il. Et surtout ceux qui n'ont pas les moyens d'aller au privé.»