Il n'y aura pas d'exploitation de mine d'uranium à Sept-Iles si la population s'y oppose, a promis vendredi matin, à l'Assemblée nationale, le ministre délégué aux Mines, Serge Simard.

«Si les conditions ne sont pas remplies, mais surtout si la population de Sept-Îles ne souhaite pas ce projet, il est très clair que le gouvernement va respecter la volonté de la population de Sept-Iles et de ses environs», a soutenu le ministre.

Il réagissait à l'annonce d'une vingtaine de médecins du Centre Hospitalier de Sept-Iles qui ont décidé de quitter la région et, dans certains cas, la province, pour s'opposer à un projet de mine d'uranium.

Ce matin à l'Assemblée nationale, la député péquiste de Duplessis, Lorraine Richard, a en vain tenté d'obtenir une réponse du premier ministre Charest, sur cette question brûlante. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a pour sa part souligné qu'on était uniquement à l'étape de la prospection, et qu'il n'y avait pour l'heure aucune activité néfaste pour la santé publique sur le site. «C'est vingt médecins qui quittent, ils ont signé une lettre. Cela mérite que le premier ministre s'y intéresse !», a lancé Mme Richard, furieuse.

«C'est risible, le ministre sait déjà que le ministère des Ressources naturelles a donné le permis à la compagnie pour une route d'accès. Les médecins quittent et on va fermer le centre hospitalier» a-t-elle lancé. «On ne veut pas d'uranium à Sept-Iles» a-t-elle tranché'.

L'affaire a dérapé à l'Assemblée nationale quand la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a, dans échanges à bâtons rompus, demandé si la région de Sept-Iles voulait tout de même du développement économique amené par le projet de la Romaine. Le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard, a bondi sur ses pieds et a qualifié d'odieux chantage, de mettre ainsi en balance la santé publique et le développement économique.

«J'ai rencontré les médecins en juin, ils m'ont fait part de leurs inquiétudes, La santé publique a émis un avis disant que l'exploration ne comporte aucun danger. C'est très prématuré» a déclaré le ministre Yves Bolduc.

Dans une lettre destinée au ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, les médecins expliquent leur décision par la réalisation imminente d'un projet de mine d'uranium dans la région. Ils mettent en garde contre les conséquences néfastes pour la santé humaine de la radioactivité liée aux mines d'uranium.

Les médecins comprennent l'impact de leur départ sur population et sur les effectifs médicaux restants. Ils estiment toutefois qu'ils trahiraient leur code d'éthique en restant muets devant cette menace. Les médecins se disent conscients que le mouvement qu'ils enclenchent risque d'entraîner d'autres départs et nuira à tout recrutement futur.

En novembre 2008, 34 médecins du Centre de Santé et des Services Sociaux de Sept-Iles avaient signifié leur opposition à des projets d'exploration et d'exploitation de mines d'uranium dans leur région et demandaient un moratoire. Dans cette foulée, plusieurs municipalités de la Côte-Nord et des organismes ont exigé à leur tour auprès des ministères de l'Environnement et des Ressources Naturelles un tel moratoire.

Ils soulignent que des compagnies uranifères ont recommencé leurs activités dans leur région après avoir obtenu l'autorisation de construire une route d'accès à un site d'exploration et d'exploitation d'uranium à Sept-Iles. Ils y voient un message clair que la réalisation d'un projet d'une mine d'uranium dans le voisinage de la municipalité est une chose imminente, malgré le tollé.

Ils affirment que toutes les recherches fondamentales sont claires et unanimes pour démontrer les conséquences néfastes pour la santé humaine à long terme de la radiation.