La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente 58 000 infirmières et inhalothépareutes, demande que ses membres enceintes soient immédiatement retirées de leur milieu de travail pour éviter qu'elles contractent la grippe A (H1N1).

La présidente de la FIQ, Régine Laurent, concède que cette demande est radicale. Mais l'«abus» de certains employeurs la rend maintenant nécessaire, dit-elle.

 

Au Québec, les femmes enceintes qui craignent de contracter le virus au travail doivent s'adresser à leur médecin traitant. Ce dernier peut recommander à l'employeur d'affecter sa patiente à un poste sans danger ou de la retirer de façon préventive. La CSST administre ce programme depuis 1981.

«Le problème, c'est que certains employeurs ne respectent pas les recommandations des médecins», affirme Régine Laurent. D'autres affectent leurs employées à des postes inappropriés, dit-elle. Le syndicat aurait reçu «plusieurs dizaines» de plaintes à ce sujet.

Les femmes enceintes ne sont pas plus susceptibles de contracter le virus, mais elles risquent davantage de souffrir de complications, selon les études.

Le ministre ne pliera pas

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, n'entend pas donner suite à la demande de la FIQ. Il avait également refusé en septembre d'ordonner le retrait préventif des enseignantes enceintes. «Le ministre s'en remet au programme de la CSST», a dit son attachée de presse, Marie-Ève Bédard.

À ce jour, 912 femmes enceintes se sont adressées à la CSST de peur de contracter la grippe A (H1N1) dans leur milieu de travail. La CSST n'a pu préciser hier combien d'entre elles ont été retirées ou affectées à d'autres tâches.

Pas de problème... pour l'instant

Le retrait des femmes enceintes ne compromet pas encore la capacité des hôpitaux à pourvoir les postes, selon les directions d'établissement interrogées hier. C'est le cas à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, au CHUM et au CUSM.

À la Commission scolaire de Montréal, qui a reçu 90 demandes de retrait préventif d'employées enceintes en lien avec la grippe A (H1N1), «les suppléants comblent amplement les retraits», assure le porte-parole Alain Perron.

La donne pourrait toutefois changer si une deuxième vague du virus se manifeste. «Dans les prochains mois, on pourrait avoir des problèmes», a reconnu Rebecca Burns, coordonnatrice des communications du CUSM.