Dans quelques années, quand le petit Jayden Cambridge se regardera dans le miroir, il ne saura pas qu'il a été opéré à l'âge de 18 mois pour une tumeur qui grossissait au milieu de son front. Son visage ne portera aucune cicatrice.

Le bambin est né avec une tumeur congénitale, une forme de kyste qui grossit entre la peau du visage et le crâne.

Jusqu'à maintenant, les chirurgiens devaient faire une incision en plein front, avec un scalpel. La cicatrice grandissait en même temps que l'enfant, le marquant à vie.

Cette fois, les chirurgiens de l'Hôpital de Montréal pour enfants et du Centre universitaire de santé McGill ont procédé par endoscopie. Ils ont fait une incision d'à peine 1,3 centimètre au niveau du cuir chevelu de l'enfant avant d'introduire un instrument muni d'un système optique et de tracer un corridor jusqu'à la tumeur. Une première du genre au Canada pour un enfant, affirment-ils.

«Nous sommes très excités car nous savons que d'autres enfants pourront en profiter, si tout se passe bien», ont confié ses parents, Ron Cambridge et Tanya Comeau, un peu nerveux tandis que leur fils était sur la table d'opération.

Ce type de tumeur congénitale n'est pas rare chez les enfants, explique le Dr Sherif Emil, directeur du département de chirurgie générale à l'Hôpital de Montréal pour enfants. Son équipe voit une douzaine de cas chaque année. «C'est comme une portion de tissus qui se développe sous la peau. C'est une tumeur bénigne, elle n'est pas cancéreuse, mais elle peut grossir et s'infecter», explique le Dr Emil.

Il lui a fallu des mois de recherche et de préparation pour mettre sur pied l'opération du petit Jayden. Le Dr Emil savait en effet que des chirurgiens américains avaient été les premiers à réussir ce type d'intervention. Il fallait maintenant la recréer pour un bambin et trouver un chirurgien capable de le faire. Il a donc recruté le Dr Nabil Fanous, chirurgien plasticien spécialisé en endoscopie, mais qui n'avait jamais fait ce type d'intervention sur le visage d'un enfant.

Travailler au niveau du visage et du cerveau est un exercice délicat puisque le chirurgien ne voit pas ce qu'il fait. Une mince couche de nerfs et de muscles se trouve entre la peau et le cerveau. Une couche qu'il ne faut pas perturber, explique le Dr Fanous.

«Il faut savoir où on est parce qu'on ne peut pas voir», explique le Dr Fanous. Si le chirurgien se trompe de quelques millimètres, il peut toucher des nerfs qui font perdre toute sensation au visage, par exemple.

Le jour de l'intervention, qui a duré un peu plus d'une heure, une surprise de taille attendait l'équipe chirurgicale. La tumeur semblait avoir disparu. Entre le moment où la radiographie a été prise et l'opération, huit mois plus tard, l'os du visage avait en fait grossi jusqu'à recouvrir la tumeur.

«On n'avait jamais vu une telle chose. Il a fallu gratter sous l'os pour enlever la tumeur», explique le Dr Fanous.

L'opération a finalement été couronnée de succès. L'Hôpital de Montréal pour enfants souhaite d'ailleurs répéter cette première. «Les enfants passent sinon toute leur vie avec une cicatrice au visage. Ça me paraît logique de faire ce que l'on peut pour l'éviter», dit le Dr Emil.