La récession a des effets dévastateurs sur la santé des Canadiens, révèle le dernier rapport annuel de l'Association médicale canadienne (AMC). Près d'un adulte canadien sur cinq dit avoir sauté un repas au cours des derniers mois pour des préoccupations financières. Et le quart des citoyens ont dernièrement annulé un rendez-vous chez le dentiste pour les mêmes raisons.

«Le bulletin de l'AMC montre que, même si on a un système de santé gratuit, les difficultés économiques que nous vivons actuellement a des effets sur la santé de la population canadienne», a déclaré le président de l'AMC, le Dr Robert Ouellet.

Selon un sondage Ipsos Reid mené auprès de 1002 adultes canadiens du 7 au 9 juin, le quart des citoyens estiment que le ralentissement de l'économie a eu un effet sur leur façon de s'occuper de leur santé. Les pressions financières amènent 16% des Canadiens à sauter des repas, elles en empêchent 23% de dormir, stressent grandement 40% de la population et amènent 14% des Canadiens à retarder l'achat de médicaments d'ordonnance.

«Nous nous imaginons à tort que les soins de santé sont à l'abri des dures réalités économiques qui sévissent actuellement. Notre sondage révèle que cette notion est tout à fait erronée», note le Dr Ouellet.

Et chez les citoyens qui gagnent moins de 30 000$ par année, les effets sur la santé sont bien pires. Selon le sondage de l'AMC, près de 30% des Canadiens moins fortunés sautent des repas, 34% ont annulé un rendez-vous chez le dentiste et 30% éprouvent des difficultés à dormir.

«Ce n'est pas surprenant. Certains soins ne sont pas couverts par les assurances publiques, dont les soins dentaires. C'est toujours les gens qui ont moins de revenus qui sont touchés. D'autant plus que ces personnes ont moins souvent accès à des assurances privées», note Claudelle Cyr, porte-parole de la Coalition Solidarité santé.

Mme Cyr note que le Dr Ouellet est lui-même un ardent défenseur du privé en santé. Depuis son arrivée à la tête de l'AMC, en 2008, le Dr Ouellet a en effet maintes fois défendu la cohabitation du privé et du public dans les soins de santé. «Or, on voit aujourd'hui que les gens qui ont des difficultés financières ne peuvent pas tout se permettre. On peut se demander ce qui arriverait si le privé prenait plus de place», note Mme Cyr.

Le Dr Ouellet réplique «S'il était bien utilisé, le privé serait positif pour les patients. Bien encadré, le privé pourrait améliorer l'accès aux soins.»

Par ailleurs, quand on leur demande d'évaluer leur état de santé, 40% des Canadiens sondés par l'AMC estiment qu'il est excellent. Mais 20% le qualifient de «moyen» ou de «médiocre». Et plus de la moitié des Canadiens (56%) déclarent avoir un excédent de poids.