Québec pourrait revenir sur sa décision et assouplir les nouvelles normes imposées aux cliniques privées qui pratiquent des avortements.

Face au tollé des derniers jours, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a demandé au Collège des médecins de réétudier la question.

 

J'ai parlé à Yves Lamontagne (PDG du Collège) cet après-midi et je lui ai demandé de revoir si les normes doivent être maintenues ou si on peut les assouplir», a déclaré le ministre en entrevue à La Presse.

Il a précisé qu'il allait se conformer aux recommandations de l'organisme. «Nous voulons maintenir l'accès à l'avortement», a insisté M. Bolduc.

À l'origine de cette controverse, l'adoption de la loi 34, qui obligera les cliniques privées à obtenir une accréditation du ministère de la Santé à compter du 30 septembre.

Pour obtenir leur permis, elles devront se conformer à des règles strictes visant à encadrer une cinquantaine d'interventions, dont les interruptions volontaires de grossesse. Ces règles touchent notamment la circulation de l'air et le port de vêtements stériles, comme dans un bloc opératoire.

Déjà, la Clinique de l'Alternative, à Montréal, a fait savoir qu'elle ne pratiquerait plus d'avortements. Elle s'occupait d'un millier de femmes chaque année.

Le dossier de l'avortement et des cliniques privées est devenu une patate chaude au cours des derniers jours. Hier, le Collège des médecins a indiqué qu'il allait répondre à la demande du ministre, mais s'est défendu d'avoir proposé les nouvelles normes.

«Les critères appliqués dépassent largement les niveaux de soins requis et les actions prises récemment par le personnel du Ministère auprès de ces centres risquent de compromettre l'accessibilité à ces interventions médicales requises pour des raisons apparemment nobles de sécurité du public; les règles appliquées dans ces centres depuis plusieurs décennies n'ont jamais démontré jusqu'à maintenant des problèmes majeurs de qualité», a indiqué le Collège par voie de communiqué.

L'Agence de santé de Montréal a pour sa part assuré qu'aucune femme ne serait laissée en plan, même si des cliniques privées cessaient de pratiquer des avortements.

«Je suis confiant que nous serons capables de combler les besoins», a déclaré le président et directeur général de l'Agence, David Levine, en conférence de presse.

L'Agence a demandé aux hôpitaux et aux cliniques d'accroître leur offre de service. Elle estime être en mesure actuellement de répondre à 70% des besoins. Dans quelques semaines, elle espère atteindre 100%, si le besoin s'en fait sentir.

Le tiers des 15 000 avortements pratiqués à Montréal chaque année sont faits dans quatre cliniques privées. Déjà, l'Alternative a fait savoir qu'elle n'en ferait plus.

Les cliniques Fémina et Morgentaler, qui pratiquent 4700 des 5000 avortements faits au privé, n'ont toujours pas reçu leur accréditation. On ne sait pas encore si elles vont continuer d'offrir le service. À ce jour, seule la clinique l'Envolée a obtenu son permis.