Malgré les difficultés signalées à ce jour dans la production d'un vaccin contre la grippe A (H1N1), le Canada pourra entreprendre une campagne de vaccination massive à la fin de l'automne.

Les femmes enceintes, plus susceptibles de souffrir de complications graves ou de mourir, selon une nouvelle étude, seront du premier groupe vacciné. C'est ce qu'ont confirmé hier les autorités canadiennes.

«Le vaccin sera prêt à temps pour que les provinces et les territoires entreprennent leur campagne de vaccination à la fin de l'automne», a déclaré la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq.

Le Canada a signé un contrat d'exclusivité avec la compagnie pharmaceutique GlaxoSmithKline pour la distribution du vaccin. La firme «devrait être en mesure de commencer ses essais cliniques en octobre et peut-être même plus tôt», a ajouté la ministre d'un ton optimiste.

L'Organisation mondiale de la santé avait fait savoir récemment que la production du vaccin s'avérait pourtant moins efficace que celle du vaccin contre l'influenza saisonnière.

Tous les Canadiens qui le souhaitent pourront néanmoins être vaccinés, a assuré l'administrateur en chef de l'Agence de santé publique du Canada, le Dr David Butler-Jones.

«L'enjeu n'est pas de savoir qui aura accès ou non au vaccin, mais plutôt de savoir qui sera vacciné dans la première semaine ou dans la quatrième semaine de la campagne», a-t-il déclaré.

Une liste des groupes à vacciner en priorité sera établie d'ici au mois de septembre. Les travailleurs de la santé et les femmes enceintes en feront partie.

Une étude publiée dans la revue The Lancet vient de démontrer que les femmes enceintes sont quatre fois plus susceptibles d'être hospitalisées en raison de complications graves dues à la grippe A (H1N1). Le taux de mortalité est également plus élevé que dans la population en général.

Cette étude provient d'une analyse menée par les Centers for Disease Control and Prevention, aux États-Unis, concernant les cas de contamination survenus dans les premières semaines où le virus a frappé.

Les chiffres compilés montrent que 32% des femmes enceintes qui avaient contracté le virus avaient dû être hospitalisées en raison de complications. C'est quatre fois plus que le ratio dans la population en général.

En deux mois, six Américaines qui attendaient un enfant sont également mortes des suites de la grippe A (H1N1). C'est 13% du total des décès enregistrés aux États-Unis à cause de la grippe.

Ces données renforcent l'idée que les femmes enceintes doivent être traitées rapidement avec des antiviraux si elles ont des symptômes. Elles devraient aussi être vaccinées.

Or, bien des femmes enceintes craignent les conséquences de la médication pour leurs bébés.

«Il faut peser le pour et le contre. La réalité est que le risque d'avoir une complication grave avec le H1N1 est quatre fois plus élevé chez les femmes enceintes comparativement aux autres femmes du même groupe d'âge», analyse le Dr Butler-Jones.

Au Canada, 45 des 235 femmes qui ont dû être hospitalisées à ce jour en raison de la grippe A (H1N1) étaient enceintes. Neuf d'entre elles, soit 15%, ont souffert de complications très graves.

La vaccination reste toutefois un choix très personnel, mentionne le médecin. «On ne peut pas obliger tout le monde à se faire vacciner, mais nous pouvons encourager les gens à le faire, particulièrement ceux qui font partie des groupes à risque.»