Déjà aux prises avec des difficultés d'approvisionnement depuis deux mois, les hôpitaux verront la disponibilité des isotopes médicaux chuter de moitié à compter de la semaine prochaine. Un véritable casse-tête pour les départements de médecine nucléaire.

«On vient de tarir une source additionnelle et ça devient critique», déclare le président de l'Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec, le Dr François Lamoureux.

En mai, l'arrêt du réacteur nucléaire de Chalk River, en Ontario, a provoqué une crise d'approvisionnement en isotopes médicaux. Quelques semaines plus tard, on apprenait que le réacteur ne sera pas remis en activité avant la fin de l'année.

Mais voilà que le réacteur de Patten, aux Pays-Bas, est hors service à son tour depuis une semaine. Cet arrêt de quatre semaines au total est nécessaire pour un entretien régulier.

L'impact commencera à se faire sentir au cours des prochains jours. Après celui de Chalk River, c'est le plus important producteur de molybdène - produit radioactif à partir duquel sont extraits les isotopes médicaux - dans le monde.

«Quand on peut reporter les examens d'une semaine, on peut essayer de s'arranger, mais si on tarit une source pendant un mois, nous avons un problème», affirme le Dr Lamoureux.

Les isotopes sont des marqueurs utilisés pour nombre d'examens médicaux afin de détecter des cancers et des métastases, des embolies pulmonaires et des saignements, entre autres.

Solution de rechange

Pour pallier la crise, des solutions de rechange ont été mises en place. Les 54 départements de médecine nucléaire du Québec ont convenu de se répartir les stocks disponibles afin que chacun en ait au moins une quantité minimale.

Les horaires de travail sont prolongés afin de procéder à plus d'examens en début de semaine, lorsque les isotopes sont disponibles.

D'autres types d'examens peuvent aussi être faits pour certains patients. La tomographie par positrons (PET scan) est ainsi utilisée, notamment pour détecter des cancers.

Mais cette gestion au jour le jour commence à peser lourd. C'est particulièrement le cas dans les hôpitaux pédiatriques.

«Il faut faire énormément d'appels. On fixe pratiquement des rendez-vous à nos patients au jour le jour», déplore le chef du département de médecine nucléaire du centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le Dr Raymond Lambert.

Les patients proviennent souvent de l'extérieur de Montréal. Ils sont accompagnés de leurs parents, qui doivent prendre congé. Comme il s'agit généralement d'examens de contrôle, les patients ont aussi d'autres rendez-vous avec différents spécialistes au cours de la même journée. Reporter leur examen entraîne bien des bouleversements.

Heureusement, souligne le Dr Lambert, il reste encore une semaine aux vacances de la construction. Il y a donc moins de patients. «Le pire sera au début du mois d'août et à la fin de septembre», craint-il.

Les nombreux réaménagements d'horaire ont un coût. La facture pourrait atteindre 4 millions supplémentaires au Québec, estime le président de l'Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec.

«C'est clair qu'il va y avoir des coûts supplémentaires, mais nous ne sommes pas en mesure pour le moment d'évaluer la hausse des factures des établissements», indique la porte-parole du ministère de la Santé, Karine White.

Si la facture est trop élevée, il est possible que Québec demande au fédéral de l'éponger.