Alors qu'une vingtaine d'aînés attendent à l'hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay, qu'on leur trouve une place en CHSLD, une résidence pour personnes âgées de 13 places est laissée vacante dans la région. Le député péquiste de La Prairie, François Rebello, déplore «cette perte de ressource d'hébergement» et accuse les autorités de ne rien faire pour corriger la situation.

La résidence, située au 106, rue Soucy, à Delson, recevait jusqu'en 2007 des subventions du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jardins-Roussillon pour accueillir des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Afin de se conformer aux exigences du gouvernement, il a fallu rénover l'établissement en 2007. On y a installé des gicleurs et un ascenseur, des lits adaptés dans toutes les chambres et un bain spécial muni d'un lève-personne. En tout, les travaux ont coûté près d'un demi-million de dollars.

 

Mais en 2007, le CSSS Jardins-Roussillon a retiré son permis à l'établissement. «Nous avons eu une situation où nous avons dû retirer la clientèle. Je peux seulement vous dire qu'on doit s'assurer de la qualité des soins et des services dans nos ressources intermédiaires», dit la directrice générale adjointe du CSSS Jardins-Roussillon, Sonia Bélanger.

Aujourd'hui, la résidence de la rue Soucy est toujours conformes aux exigences du gouvernement, mais le CSSS Jardins-Roussillon ne veut pas l'utiliser.

«Nous avons besoin de plus de 13 places, explique Mme Bélanger. On a récemment lancé un appel d'offres pour ouvrir de 50 à 55 places sur notre territoire. Et nous avons besoin d'établissements prêts à accueillir des clientèles de plus en plus complexes. Notre réalité, c'est qu'on manque de ressources pour une clientèle lourde, et les ressources intermédiaires ne répondent pas toutes à cela.»

Mme Bélanger ajoute que la résidence de la rue Soucy pourrait très bien devenir une ressource privée. «Elle pourrait ainsi contribuer aux besoins de la population», dit Mme Bélanger. Car pour l'instant, «des questions d'organisation du travail et des critères de qualité et de sécurité» empêchent le CSSS Jardins-Roussillon d'ouvrir 13 places dans la résidence de la rue Soucy.

Pour M. Rebello, ces arguments ne tiennent pas la route et montrent à quel point «une bureaucratie peut être absurde». «Ouvrir les lits dans la résidence de la rue Soucy, c'est sûr que ça aiderait le réseau de santé! Ces lits coûteraient bien moins cher que les lits occupés actuellement dans les hôpitaux, dit-il. En plus, la maison est déjà bâtie. Elle serait fonctionnelle dès demain matin!»

M. Rebello ajoute que de laisser cette résidence au réseau privé «ne réglera pas le problème de la région». «Au privé, ces places coûteraient 2000$ par mois. Ce n'est vraiment pas tous les aînés qui peuvent se permettre ça», commente M. Rebello.

La présidente du Club de l'âge d'or de Delson, Christiane Lapalme, estime elle aussi que la résidence de la rue Soucy pourrait aider le réseau de santé de la région. «On pourrait y mettre des lits de répit. Un endroit où les gens atteints de maladies graves pourraient passer quelques jours le temps que leur famille prenne du repos, dit Mme Lapalme. C'est sûr qu'il y a quelque chose à faire avec cette résidence. Surtout qu'elle est prête à être utilisée.»