Les cinq laboratoires québécois qui peuvent déterminer si un patient est atteint ou non de la grippe A (H1N1) ne seront pas en mesure de répondre à la demande advenant une hausse du nombre de cas. Déjà au mois de juin, les laboratoires fonctionnaient bien au-delà de leur capacité, a appris La Presse. Alors que les experts prédisent que la grippe reprendra de la vigueur cet automne, la situation est inquiétante.

Seuls le Laboratoire national de santé publique du Québec et les laboratoires des quatre centres hospitaliers universitaires de la province (CHUM, CHUQ, CHUS et CUSM) sont actuellement en mesure d'analyser les échantillons de cas présumés de contamination à la grippe À (H1N1) et de donner le bon diagnostic aux patients. Les autres hôpitaux qui croient avoir des cas de grippe doivent faire parvenir leurs échantillons à l'un de ces cinq laboratoires.

Advenant un retour en force de la grippe A (H1N1), les laboratoires ne seraient pas en mesure de répondre à la demande. Car au mois de juin, alors que la grippe touchaient de plus en plus de Québécois, les laboratoires étaient débordés.

Le Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ), qui traite les échantillons de tout l'est de la province, devait analyser jusqu'à 94 spécimens en une journée durant cette période alors que sa capacité n'est que de 50. «Nous devions envoyer nos surplus au Laboratoire national de santé publique», explique la porte-parole du CHUQ, Pascale St-Pierre.

Au Laboratoire national de santé publique, la situation n'était pas plus facile. À la mi-juin, l'établissement devait analyser jusqu'à 175 échantillons par jour alors qu'il a une capacité de 114, confirme la porte-parole de l'Institut national de santé publique (INSPQ), Nathalie Hudon.

Dès l'éclosion de la grippe À (H1N1) cet hiver, l'INSPQ a augmenté ses ressources en laboratoire pour répondre à la demande. «Depuis avril, les tests sont faits sept jours sur sept», dit Mme Hudon. Malgré tout, le Laboratoire a dû fonctionner à plein régime au mois de juin, alors qu'un nombre croissant de Québécois étaient infectés par le virus.

Depuis la fin des classes, la situation s'est stabilisée dans les laboratoires. «Au cours des cinq derniers jours, on a traité moins de 25 échantillons par jour. La situation est revenue à la normale», confirme Mme St-Pierre du CHUQ.

L'accalmie pourrait toutefois être de courte durée. Dans une conférence de presse jeudi, la ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, a averti la population de ne pas croire la crise passée. «La situation est calme, mais on peut s'attendre à une deuxième vague de grippe cet automne», a-t-elle dit.

Au cabinet du ministre de la Santé du Québec, Yves Bolduc, on minimise l'importance du problème. « On demande déjà aux gens qui ont des symptômes mineurs de la grippe de rester à la maison. Ce n'est pas tout le monde qui doit se soumettre au test pour savoir s'ils ont ou non la grippe », a dit l'attachée de presse du ministre Bolduc, Marie-Ève Bédard.

Vendredi dernier, 21 nouveaux cas de grippe À (H1N1) ont été recensés au Québec, ce qui portait à 2150 le nombre de cas enregistrés depuis la fin du mois d'avril. Jusqu'à aujourd'hui, 14 personnes sont décédées de la maladie.