Il n'y a rien de pire pour un jeune patient que d'apprendre, après une dizaine d'heures passées sur la table d'opération, qu'il doit retourner sous le bistouri parce que la tumeur n'est pas complètement enlevée.

Et pourtant, c'est ce qui se produit fréquemment dans les hôpitaux pédiatriques. Mais plus pour longtemps. L'Hôpital de Montréal pour enfants vient de se doter d'un appareil d'imagerie de résonnance magnétique ultra-performant qui permettra de procéder à des examens per-opératoires.Il s'agit d'une première au Canada pour un hôpital pédiatrique, affirme le chef du département de chirurgie, le Dr Jean-Pierre Farmer, en faisant visiter les installations à la journaliste de Cyberpresse.

«Nous pourrons faire la chirurgie et s'il reste quelque chose, les images vont nous le dire immédiatement. On pourra alors continuer la chirurgie jusqu'à ce que tout soit enlevé», explique le Dr Farmer.

L'acquisition de cet appareil, au coût de dix millions, permettra aussi de réduire les listes d'attente. Entre 700 et 800 enfants attendent leur tour de passer un test diagnostique. De plus en plus, les parents préfèrent cette option pour leur enfant, jugeant qu'elle est moins nocive à long terme que la tomographie traditionnelle.

Mais l'appareil de résonnance magnétique que possède actuellement l'hôpital ne fournit pas à la tâche. L'ajout d'une deuxième permettra de réduire les listes d'attente.

«La pratique change. Si on peut faire le diagnostic d'une manière ou d'une autre, on tente de privilégier la résonnance. (...) Il est clair que l'utilisation d'un deuxième appareil de résonnance aura un impact», estime le Dr Farmer.

Le projet est en cours depuis deux ans. Il a été financé exclusivement grâce à des donateurs privés. L'organisme Opération Enfant Soleil a versé à lui seul cinq millions. Il faut dire que des enfants de partout dans la province se font soigner à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

Le gouvernement a pour sa part accepté de verser les 300 000$ nécessaires annuellement pour faire fonctionner la machine.

Pour installer la nouvelle technologie, il a fallut construire une nouvelle salle d'opération qui communique avec celle où est installé l'appareil de résonnance magnétique.

Tout l'hiver, les patients de l'Hôpital de Montréal pour enfants ont pu voir l'évolution des travaux qui ont culminé mardi avec l'installation de l'appareil, soulevé au troisième étage par une grue.

Après avoir visité quelques hôpitaux dans le monde qui dispose d'une telle technologie, l'Hôpital de Montréal pour enfants a arrêté son choix sur un modèle à trois teslas, soit le plus performant.

«Nous voulions nous doter d'un appareil qui serait à l'avant-garde en 2009, pour qu'il le soit

Les images, nombreuses et précises, pourront être prises alors que le patient est toujours dans la salle d'opération. Grâce à une table amovible, il sera transporté dans la pièce adjacente, où se trouve l'appareil de résonnance magnétique. En moins d'une demi-heure, le chirurgien pourra connaître exactement l'état de la situation.

«On peut voir exactement où est le kyste ou la tumeur pour être certains que la résection de la tumeur est complète», mentionne le Dr Farmer.

C'est un gage de succès. Si une tumeur au cerveau est complètement enlevée, qu'elle soit bénigne ou maligne, le taux de survie après cinq ans est encore meilleur. «Il s'agit d'un facteur de pronostic très important», note le chef du département de chirurgie.

Cette technologie, voie de l'avenir selon le Dr Farmer, sera particulièrement utile en neurochirurgie et en chirurgie musculo-squelettique.

Le premier patient devrait être opéré en septembre, mais dès le mois d'août, l'appareil sera utilisé pour les tests diagnostics.