Si les pathologistes québécois en viennent aujourd'hui à tirer la sonnette d'alarme, c'est en grande partie à cause d'un scandale touchant plus de 1000 femmes atteintes du cancer qui a éclaté à Terre-Neuve à la suite de tests erronés pour le traitement de cancers du sein.

Tout a commencé par une patiente de 43 ans, Peggy Deane, à qui on a diagnostiqué un cancer du sein en 2002. Pour déterminer quel type de traitement lui donner, les médecins de l'hôpital Eastern Health, près de St. John's, lui ont fait passer un test de marqueur hormonal, comme on en fait des dizaines de milliers chaque année au pays. Si les résultats de ce type de test sont positifs, la patiente est traitée avec un bloqueur d'hormones qui a largement fait ses preuves, le tamoxifène; dans le cas contraire, on lui prescrit un autre traitement. En l'occurrence, les tests de Mme Deane se sont révélés négatifs et les médecins ne lui ont pas prescrit de tamoxifène.

 

Mais en 2005, à la suite de doutes émis par un médecin américain qui a revu le dossier de Mme Deane, de nouveaux tests de marqueur hormonal ont été menés. Et cette fois-là, le résultat s'est révélé positif et les médecins lui ont alors prescrit le tamoxifène. Quelques mois plus tard, la patiente est morte. Pris d'un doute sur la qualité des tests menés par son laboratoire de pathologie, l'hôpital Eastern Health a dès lors pris la décision de refaire les tests de récepteurs hormonaux de 1000 patientes du cancer. On a alors découvert que 363 patientes avaient reçu un diagnostic erroné. Pour différentes raisons, les médecins n'ont pas averti les patientes que les tests étaient systématiquement refaits. La commission d'enquête a aussi démontré que le bureau du premier ministre Danny Williams avait été mis au courant de l'affaire assez tôt dans le processus, mais n'a pas jugé bon d'avertir la population.

Le premier ministre a finalement lancé en 2007 une commission d'enquête, présidée par la juge Margaret A. Cameron, pour faire la lumière sur cette affaire.

Dans son rapport d'enquête, publié le 1er mars dernier, la juge Cameron a noté qu'il y avait un manque de standards dans les laboratoires de pathologie, et a notamment recommandé la création d'un programme de contrôle de la qualité pour limiter au minimum le nombre de tests erronés.