Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, est inquiet des taux d'erreurs enregistrés dans les tests de diagnostic du cancer du sein et dévoilés par le Dr Louis A. Gaboury, président de l'Association des pathologistes du Québec. Mais il se demande si l'étude du Dr Gaboury est fiable.

Son étude révèle qu'en moyenne 15% à 20% des tests sur les marqueurs pour l'hormonothérapie (ER/PR) étaient erronés. La proportion s'élève à 30% dans le cas des marqueurs pour le Herceptin.

«C'est tellement sérieux et tellement préoccupant que j'ai mandaté le Collège des médecins de faire une enquête et de chercher les faits dans cet événement-là», a affirmé Yves Bolduc lors de la période des questions ce matin.

Le ministre affirme ne pas avoir entendu parler de cette étude avant la diffusion d'un reportage à Radio-Canada hier soir. Il dit «prendre au sérieux» cette étude, mais il met en doute ses résultats. Il veut «connaître la méthodologie» de l'étude et vérifier sa «rigueur» et son «indépendance».

«Je m'attends, au cours des prochaines heures, tout dépendant comment le Collège des médecins peut avoir toute l'information, avoir un état de situation pour informer la population le plus rapidement possible sur ce qui doit être fait», a-t-il indiqué.

«On met en place une stratégie actuellement pour justement savoir qu'est-ce qu'on va faire, tout simplement parce qu'il faut avoir l'étude pour tirer nos conclusions».

Le ministère de la Santé planche sur un «programme de contrôle de la qualité» dans les laboratoires de pathologie. «C'est un travail de longue haleine parce que c'est des longues réunions, il faut mettre un programme... C'est complexe. Mais je peux vous dire qu'on veut le faire le plus rapidement possible, on considère que c'est un élément important», a indiqué M. Bolduc.

Selon lui, «c'est réputé qu'au Québec, dans nos laboratoires, le côté pathologie est de haut niveau, nos pathologistes sont excellents, ils travaillent très bien, la formation est excellente».

«On a une étude qui nous dit qu'il y aurait possiblement une problématique face à un test précis. On va faire enquête et on va revenir là-dessus», a-t-il dit.

Le critique péquiste en matière de santé, Bernard Drainville, se pourquoi un programme de contrôle de la qualité dans les laboratoires de pathologie n'a toujours pas été mis en place, alors que l'association présidée par le Dr Gaboury le réclame depuis plusieurs années. «Les femmes qui ont reçu un diagnostic de cancer du sein et qui ont reçu un traitement contre le cancer du sein se demandent ce matin si elles ont reçu le bon traitement. Combien de temps devront-elles attendre avant de savoir si elles doivent ou pas passer de nouveaux tests?», s'est-il demandé.

Tous les cancers visés

La Fédération des médecins spécialistes du Québec soutient de son côté que les irrégularités et le nombre important de diagnostics erronés dans les laboratoires québécois ne sont pas uniquement le lot du cancer du sein, mais visent tous les cancers.

Selon le président de la Fédération, Gaétan Barrette, cette situation ne peut pas perdurer et il y a lieu de réaliser de nouveaux examens.

M. Barrette estime que si l'état de situation a été présenté par les médias mercredi, la situation était connue du ministère depuis des années.

Selon lui, après les erreurs diagnostiques survenues à Terre-Neuve-et-Labrador au détriment de patientes atteintes du cancer du sein, l'Association des pathologistes du Québec a cherché à vérifier si les laboratoires du Québec présentaient des degrés élevés de diagnostics erronés.

Pour sa part, la Coalition Priorité Cancer au Québec n'exige rien de moins que la révision immédiate de tous les tests de marqueurs du cancer du sein réalisés au cours des dernières années dans les laboratoires québécois. Elle soutient que le ministre de la Santé, Yves Bolduc, rassurerait ainsi les femmes qui ont reçu un diagnostic de cancer du sein.

La Coalition rappelle que 6000 femmes recevront un diagnostic de cancer du sein cette année au Québec et que 1400 en mourront.