Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, se donne trois ans pour réduire le nombre de séjours de plus de 48 heures aux urgences d'au moins 30%.

C'est le nouvel objectif du gouvernement pour améliorer la performance des urgences, a annoncé le ministre en entrevue à La Presse, dans le cadre de la publication du quatrième palmarès des urgences.

 

Au début de l'année, le ministre Bolduc avait reconnu qu'il était impossible de ramener à zéro d'ici 2010 le nombre de séjours de 48 heures et plus aux urgences. On comptait cette année quelque 64 300 séjours de plus de 48 heures dans les urgences de la province.

«C'est inacceptable de passer 48 heures aux urgences, affirme M. Bolduc. Mon objectif est de les éliminer un jour, mais pour l'instant, l'objectif est de les diminuer de 30% sur trois ans, ce qui voudrait dire une amélioration de 30% du fonctionnement de nos urgences.»

Même chose pour l'attente. Le gouvernement voulait réduire à 12 heures la durée moyenne de séjour (temps passé aux urgences) en 2010. Loin de diminuer, cette donnée a constamment augmenté au fil des ans pour atteindre 17h06 cette année. Il est donc utopique de croire que cette cible sera atteinte l'an prochain.

Par contre, une durée moyenne de séjour de 12 heures doit demeurer l'objectif à long terme. Il est même possible de réduire l'attente encore plus, croit le ministre.

C'est ce qui est arrivé à l'Hôpital d'Alma, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, souligne M. Bolduc en parlant du centre hospitalier où il a longtemps travaillé avant d'être ministre. À Alma, la durée moyenne de séjour est de 9h48 cette année.

«On vise un chiffre de 12 heures, mais un hôpital qui se gère extrêmement bien va avoir une durée moyenne de séjour autour de 9,6 (9h48)», soutient M. Bolduc.

Et ce, peu importe qu'il s'agisse d'un hôpital universitaire très fréquenté ou d'un petit hôpital en région. Il n'y a aucune raison, selon le ministre, que certains hôpitaux obtiennent une note de D- ou de E" en raison de l'attente, comme le démontre le palmarès de La Presse.

«Si un hôpital a une clientèle plus lourde, il faut plus de services pour s'occuper de cette clientèle, mais le patient ne devrait pas passer plus de temps aux urgences», indique le ministre.

Au-delà du constat, il reste que pour améliorer la performance et l'efficacité des urgences de la province, beaucoup de travail doit encore être fait. La situation ne changera pas avant quelques années encore. Pour augmenter l'efficacité des urgences, il faut améliorer les infrastructures. Ajouter des civières pour accueillir plus de patients et rénover les installations. Un travail qui est commencé dans plusieurs urgences.

La méthode Toyota

Il faut aussi améliorer le fonctionnement des urgences selon la méthode Lean (méthode Toyota). Le patient doit passer le moins de temps possible aux urgences, croit le ministre. Le personnel doit travailler de façon plus performante. Cette réorganisation est aussi en cours depuis quelques années.

«Mais le plus important, c'est qu'il faut développer le nombre de ressources nécessaires pour que les patients qui ont besoin d'être admis à l'hôpital puissent être traités», croit le ministre.

Cela signifie créer de nouvelles places en hébergement, notamment dans les CHSLD, mais aussi dans des ressources intermédiaires, comme dans des résidences pour les gens âgés semi-autonomes. Dans beaucoup d'hôpitaux, des malades occupent un lit de courte durée dans une unité de soins alors qu'ils devraient se trouver dans un lit de longue durée. Ce changement est également en cours, mais il faudra plusieurs années avant d'obtenir des résultats probants. Il faut quelques années pour construire de nouvelles installations.

«Je suis convaincu qu'on va réussir, mais ça va prendre encore quelques années avant qu'on développe toutes les ressources nécessaires pour le continuum de services dont nous avons besoin», affirme le ministre.