Quand Roger est arrivé à la résidence Outremont il y a deux ans, sa famille a bien averti les préposés: l'homme était en grave dépression et prenait une série de médicaments. Roger était replié sur lui-même et ne parlait à personne.

À son arrivée, les employés de la résidence ont décidé d'apprivoiser Roger. Après avoir pris en note ses préférences, les préposés ont remarqué que le nouveau résidant adorait la littérature. Ils ont alors décidé de lui offrir un livre et d'en discuter avec lui.

 

«Au début, il ne répondait pas. Puis, il s'est tranquillement ouvert», dit la directrice de la résidence, Line Vincelli.

Celle-ci a alors proposé à Roger d'écrire des textes dans le journal de la résidence, qui est publié chaque mois. Après plusieurs jours de réflexion, il a accepté.

Peu à peu, la quantité de médicaments que le résidant devait ingérer tous les jours a diminué.

Puis un jour, un miracle est arrivé. Roger est sorti de sa torpeur et a demandé de lire un poème d'Émile Nelligan devant les autres résidants.

Le soir de la représentation, les résidants étaient suspendus à ses lèvres.

Pour le stimuler encore plus, les employés de la résidence Outremont ont suggéré à Roger d'aller réciter des poèmes dans d'autres résidences pour aînés. L'homme a accepté le défi. À ce moment, sa médication était à son minimum. «Sa fille n'en revenait pas. Son médecin non plus. Il a retrouvé le goût à la vie», dit Mme Vincelli.

La semaine du passage de La Presse, Roger entamait une série de conférences sur le livre Maria Chapdelaine. Il a donné en tout cinq ateliers aux résidants. «Je n'étais pas comme ça à mon arrivée ici. Je suis un nouvel homme», a-t-il avoué.