La grippe A (H1N1) nouveau nom donné à la «grippe porcine» continue de progresser. Hier, les autorités médicales ont confirmé qu'un cas d'infection au virus avait été détecté au Québec. Le déploiement d'un plan d'action est en cours partout au pays.

La multiplication des cas suspects le laissait présager, c'est maintenant confirmé: un premier cas d'infection au virus de l'influenza H1N1 a été détecté au Québec.

 

Selon nos informations, il s'agit d'un Montréalais au début de la trentaine qui s'est présenté au cours des derniers jours aux urgences de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il revenait d'un voyage au Mexique.

«La personne n'a pas été hospitalisée. Elle se rétablit actuellement à la maison», a indiqué la porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux, Dominique Breton.

Elle refuse toutefois de confirmer quelque information que ce soit au sujet de la personne atteinte, si ce n'est qu'elle est de la région de Montréal.

Ce premier cas au Québec a été confirmé en fin de journée, à l'issue de la conférence de presse quotidienne organisée par Québec.

Le directeur de la protection de la santé publique au ministère, le Dr Horacio Arruda, s'est approché du directeur national de santé publique, le Dr Alain Poirier, pour lui glisser une information à l'oreille.

«On m'informe à l'instant que le laboratoire d'analyse de Winnipeg vient de nous confirmer un premier cas d'infection au virus d'influenza H1N1», a aussitôt déclaré le Dr Poirier.

Pas question toutefois de faire état des cas potentiels qui font l'objet d'analyses en laboratoire, a-t-il dit. Seuls les cas confirmés seront divulgués.

34 cas confirmés au Canada

Le virus de la grippe porcine - qu'il faut désormais appeler virus de la grippe A(H1N1) - a continué sa progression au Canada hier. On dénombre maintenant 34 cas confirmés à l'échelle du pays: la Colombie-Britannique en compte onze, l'Ontario et la Nouvelle-Écosse en recensent huit chacun et l'Alberta en compte six.

Après que l'Organisation mondiale de la santé eut relevé mercredi son niveau d'alerte à la pandémie à 5 sur une échelle de 6, les autorités canadiennes se voulaient rassurantes hier.

Le déploiement du plan d'action est en cours partout au pays. Les autorités s'appliquent à surveiller et à répertorier les cas. De la recherche est aussi en cours pour développer un vaccin et des réserves d'antiviraux seront disponibles en cas de besoin.

Une campagne de sensibilisation nationale sera aussi lancée aujourd'hui pour informer la population des moyens à prendre pour se protéger.

«Notre objectif est d'informer les Canadiens sur ce qu'ils doivent savoir et de les préparer pour ce qui est à venir», a déclaré l'administrateur en chef de la santé publique, le Dr David Butler-Jones. Il a ajouté que «le Canada est l'un des pays les mieux préparés pour faire face à une pandémie».

Au Québec aussi, le ton rassurant était de mise hier. La priorité va à la surveillance des cas de contamination.

«Nous en faisons plus qu'attendu, d'abord parce qu'il y a toujours beaucoup d'inconnues sur le virus et aussi parce que, pour n'importe quel début d'infection, nous avons besoin d'avoir de l'information, donc de mieux surveiller», a déclaré le Dr Alain Poirier.

Le suivi des premiers cas confirmés se fera d'ailleurs de façon plus intense que celui des suivants (le cas échéant), puisque c'est au début de l'éclosion qu'il est primordial d'amasser de l'information.

Pour le moment, les mesures de précaution universelles, comme le lavage des mains, s'appliquent. Il n'est pas nécessaire de demander aux gens de demeurer à la maison s'ils reviennent du Mexique, a souligné le coordonnateur gouvernemental de la sécurité civile, Michel C. Doré. «Il n'y a donc pas de mesures particulières pour les employés de l'État. Les conditions de travail usuelles sont maintenues. Il n'y a pas d'exclusion ou de retrait de personnel.»

Certaines sociétés, dont Loto-Québec et Hydro-Québec, ont en effet demandé à leurs employés de demeurer quelques jours à la maison si leurs proches ou eux revenaient du Mexique. L'Université Laval et l'Université de Montréal ont fait de même.

Onze pays touchés

En rehaussant son niveau d'alerte à 5, l'Organisation mondiale de la santé considère maintenant qu'une pandémie est imminente.

«Pour le moment, rien dans les données épidémiologiques ne nous indique qu'il faudrait rehausser le niveau d'alerte à 6», a déclaré hier le numéro 2 de l'OMS, le Dr Keiji Fukuda.

Au moment de mettre sous presse, les plus récentes données faisaient état de près de 500 cas confirmés, dont 13 décès, dans 11 pays.

Le Mexique compterait 312 cas confirmés, dont 12 décès.

Aux États-Unis, les CDC (Centers for Disease Control and Prevention) rapportent pour leur part au mois 120 cas confirmés dans 15 États américains, en plus d'un décès, celui d'un bambin au Texas.