Samuel Gross sourit, se souvient de la date de son anniversaire et remue tous ses orteils. «Un miracle», disent ses parents. Samuel vient de loin: il s'est réveillé en bonne santé mercredi après avoir été sauvé in extremis de la noyade et avoir passé les 13 derniers jours dans le coma.

Samuel Gross, 8 ans, du Manitoba, ne devrait garder qu'une seule séquelle de ses mésaventures : une amnésie totale de ce qui s'est passé le 9 avril dernier. Ce jour-là, Samuel s'amuse avec des copains le long d'une rivière lorsque la glace cède sous ses pas. Le courant est fort et l'emporte rapidement. Il reste près de 20 minutes dans l'eau glacée avant que son cousin réussisse à dégager son petit corps transi. Samuel ne respire plus, son coeur ne bat plus et ses poumons sont remplis d'eau. Sa peau est bleutée.

C'est alors que débute une suite exceptionnelle d'événements. Les premiers voisins qui accourent à sa rescousse connaissent les méthodes de réanimation cardiorespiratoire et commencent immédiatement à tenter de le ramener à la vie. Puis, le hasard veut qu'un hélicoptère médical survole justement les environs pour venir en aide aux victimes des inondations de la rivière Rouge. Les 130 km qui séparent sa maison de Winnipeg seront franchis en 45 minutes à peine. Une ambulance aurait mis plus du double du temps.

Quand il arrive à l'hôpital, Samuel ne donne aucun signe de vie depuis près de deux heures et la température de son corps oscille autour de 25ºC. Un autre facteur qui a joué en sa faveur.

«On a eu très peur de ne pas pouvoir le sauver et que les dommages au cerveau soient irréversibles, mais le froid l'a protégé», a expliqué hier en entrevue à La Presse Murray Kesselman, le directeur de l'unité des soins pédiatriques intensifs de l'hôpital de Winnipeg qui a traité le jeune garçon.

L'eau glacée a rapidement fait chuter la température du cerveau du garçon qui s'est placé dans un état proche de l'hibernation. L'activité neuronale s'est réduite au strict minimum et les manoeuvres de réanimation des secouristes ont suffi pour lui fournir l'oxygène minimum requis pour empêcher l'asphyxie des cellules de son cerveau.

Quand Samuel a prononcé son premier mot en 13 jours, «Ouch», mercredi dernier, ses parents ont reconnu un signe divin. «Nos prières ont été exaucées», a dit son père, jeudi, au Globe and Mail.

«Il n'y a rien eu de miraculeux, mais tout a été optimal, la température de l'eau, la séquence des événements. Tout ! Je ne connais aucun autre cas où une personne a survécu si longtemps sans donner signe de vie», a reconnu hier le Dr Kesselman.

Selon le Dr Serge Rivest, professeur à la faculté de médecine de l'Université Laval, ce mécanisme de défense naturelle suscite de plus en plus d'intérêt et des chercheurs songent maintenant à s'en inspirer dans les cas d'accouchement difficile. «On pourrait plonger volontairement l'enfant dans un état d'hypothermie pour limiter les dommages au cerveau», explique-t-il.

Le petit Samuel devrait maintenant passer les prochaines semaines à l'hôpital pour reprendre des forces, mais les pronostics du Dr Kesselman sont excellents. «Il fait déjà des blagues! C'est l'un des meilleurs signes qu'il retrouvera son état d'avant l'accident.»