Cette fois, ça y est. Le processus de construction du CHUM est lancé et il est irréversible, croient les gestionnaires du centre hospitalier. Il était temps, car les délais étaient devenus un cancer qui rongeait le projet de superhôpital.

Le directeur général par intérim du CHUM, Serge Leblanc, le reconnaît d'emblée. «Ce qui a fait le plus mal, ce sont les délais. C'est devenu un cancer pour nous parce que ces délais ont engendré beaucoup de morosité dans l'organisation.»

 

Au fil des ans, la direction, les médecins et le personnel ont travaillé sur plusieurs scénarios et plans cliniques qui ont sans cesse été mis au rancart. De quoi rendre les gens moroses et cyniques.

«J'aurais bien aimé antérieurement, quand les politiciens décidaient de quelque chose, qu'ils passent à l'acte. Mais ce n'est pas arrivé. On a été fusionné le 1er octobre 1996 officiellement, ça fait douze ans et demi, c'est sûr que le cynisme a le temps de s'écrire avec un c majuscule», ajoute M. Leblanc, qui a pris la relève à la suite de la démission du Dr Denis Roy, en juillet dernier. Il était jusqu'alors directeur général associé.

Mais cette fois, le projet semble sur les rails. La démolition de l'ancien édifice des coopérants, rue Saint-Antoine, est en cours. C'est là que sera érigé le centre de recherche. Les travaux de construction débuteront dans quelques mois.

Dans un an et demi, la construction du futur CHUM débutera à son tour. La phase 1 sera terminée en 2013. Le nouvel hôpital sera alors construit à 60%. Le nouveau CHUM devrait être achevé dans sa totalité en 2018.

«On est dans un processus irréversible», affirme de son côté le directeur général adjoint du projet CHUM centre-ville, Guy Gélineau, qui assume l'intérim pendant l'absence de Sylvain Villiard, en congé de maladie.

«On ne défera pas ce qu'on est en train de faire au centre de recherche. La construction est partie. Ce n'est pas juste un exercice intellectuel. Il y a des sous qui ont été investis, il y a des propriétés qui vont être expropriées, il y a un centre de recherche qui se construit, des appels de propositions qui sont parties pour le CHUM», souligne M. Gélineau, qui occupe également les fonctions de directeur général de la Société du Quartier de la santé.

Les deux hommes ont accepté de rencontrer La Presse à la suite du lancement de l'appel de propositions, plus tôt cette semaine. Ils sont d'avis que les intérims vécus au CHUM depuis trois ans n'ont pas retardé les travaux.

«Concernant les problèmes politiques autour du CHUM centre-ville, je ne pense pas que la nomination d'un directeur général permanent il y a quelques mois aurait changé la situation et la perception. On a été victime de mauvaise presse. On a probablement des torts, mais on ne les a pas tous», souligne M. Leblanc, rappelant qu'il est l'un des plus anciens cadres de l'institution.

Vrai, reconnaissent-ils toutefois, la décision de construire le futur CHUM en deux phases apporte des délais supplémentaires. Mais il était impossible de faire autrement. Plusieurs scénarios en ce sens ont d'ailleurs été étudiés avant d'être abandonnés.

La période de transition, alors que l'hôpital Saint-Luc sera démoli et que les patients seront transférés, nécessitera une logistique rigoureuse. Tant l'hôpital Notre-Dame que l'Hôtel-Dieu et la nouvelle construction sur les terrains de l'hôpital Saint-Luc seront mis à contribution.

«Nous avons à planifier la transition de sorte que les patients puissent continuer de voir leurs médecins, que les médecins puissent continuer de voir leurs patients, que les ambulances continuent de venir au CHUM», précise M. Leblanc.

Par ailleurs, les gestionnaires devront aussi s'assurer que les patients sont au bon endroit. Des médecins s'inquiètent de l'engorgement aux urgences du nouveau CHUM, comme l'a rapporté La Presse en début de semaine.

La répartition de la clientèle sera revue sur l'ensemble du territoire, explique M. Leblanc. «Il faut éviter que l'urgence du futur hôpital soit congestionnée de telle sorte qu'elle hypothèque les activités de l'hôpital.»