Pendant que l'attente diminue pour les interventions chirurgicales, une nouvelle liste d'attente se crée, virtuelle celle-là. Il s'agit de patients qui devront être opérés mais qui sont incapables d'obtenir un premier rendez-vous avec un médecin.

Personne n'est en mesure de quantifier le nombre de patients touchés, mais le problème est réel, croit le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le Dr Gaétan Barrette.

 

«Je ne peux la quantifier, mais plusieurs médecins m'en ont parlé. Ils me disent que, compte tenu de la loi qui fait en sorte qu'ils sont responsables du patient sur leur liste, ils ne voient plus de patients au bureau.»

La loi, adoptée dans la foulée du jugement Chaoulli, prévoit que le chirurgien est responsable de son patient inscrit sur une liste d'attente. Il doit s'assurer qu'il pourra être opéré dans un délai raisonnable.

Les opérations de la hanche, du genou et de la cataracte sont notamment soumises à des échéanciers stricts. Après six mois d'attente, le patient peut choisir de se faire opérer dans un autre hôpital, par un autre médecin. Éventuellement, il peut même être envoyé dans une clinique privée, aux frais de l'État.

«C'est un effet contre-productif de la loi. Plusieurs collègues ont cessé de voir les patients parce qu'ils savaient qu'ils ne pourraient pas les opérer», confirme le président de l'Association des orthopédistes du Québec, le Dr Jacques Desnoyers.

Les médecins sont pris entre l'arbre et l'écorce, explique-t-il. En voyant moins de patients à leur cabinet, ils en ont moins en attente d'une opération, ce qui fait croire que les listes d'attente diminuent.

D'un autre point de vue, s'ils continuent de voir autant de patients en cabinet, ils doivent les inscrire sur les listes d'attente en sachant très bien qu'ils ne pourront les opérer rapidement.

La tournée des blocs opératoires qu'ont entreprise la FMSQ et le ministère de la Santé est tout de même bénéfique pour les patients qui se retrouveraient sur une liste d'attente virtuelle.

«Comme ils sont en mesure de faire plus d'interventions, des médecins m'ont dit qu'ils avaient recommencé à voir des patients en cabinet», souligne le Dr Desnoyers.