Le milieu syndical revient à la charge contre la loi 33, qui autorise les cliniques privées à pratiquer certaines interventions chirurgicales. Après la CSN et la FTQ l'an dernier, c'est au tour d'un regroupement de six syndicats du domaine de la santé de s'adresser aux tribunaux pour contester le nouveau règlement.

La coalition, qui représente 90 000 travailleurs, présentera une requête en Cour supérieure aujourd'hui. Elle souhaite faire invalider les nouvelles règles, adoptées peu avant le départ de l'ancien ministre de la Santé, Philippe Couillard.

 

«Pour nous, c'est clairement une ouverture au privé», résume Dominique Verreault, présidente du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et porte-parole de la coalition.

Adoptée dans la foulée du jugement Chaoulli, en janvier 2008, la loi 33 permet aux cliniques privées de pratiquer une cinquantaine d'interventions chirurgicales, notamment des opérations du genou, de la hanche et de la cataracte. La Cour suprême avait forcé Québec à ouvrir cette brèche dans le système de santé public, parce que les listes d'attente pour ces trois interventions atteignaient un record.

À la suite de pressions des médecins spécialistes, le gouvernement a élargi la liste des interventions que peuvent pratiquer ces établissements en juin dernier. Les syndicats acceptent le recours au privé dans les cas où les délais sont particulièrement longs, mais ils s'opposent aux amendements ajoutés par la suite.

«Là où l'on n'est plus d'accord, c'est quand on ajoute une cinquantaine d'opérations pour lesquelles il n'y a même pas six mois d'attente, dit Mme Verreault. Pourquoi ajoute-t-on ça? Pour permettre la privatisation, permettre à des médecins et à des entrepreneurs qui souhaitent avoir des cliniques privées de faire de l'argent avec la santé des Québécois.»

Le règlement devait entrer en vigueur au début de l'année, mais le ministre de la Santé, Yves Bolduc, en a repoussé l'application. La coalition syndicale a décidé de porter l'affaire devant les tribunaux après une rencontre qu'elle a jugée insatisfaisante avec le ministre, la semaine dernière.

La porte-parole du ministre Bolduc n'a pas rappelé La Presse.