Les infirmières, les inhalothérapeutes et les préposés aux bénéficiaires des hôpitaux du Québec n'ont plus droit à leur prime d'été, a décidé le ministère de la Santé. Les employés qui repousseront leurs vacances durant la période estivale pour prêter main-forte aux établissements en manque de personnel ne recevront plus les bonus qui leur étaient consentis depuis 2003.

Chaque été, les hôpitaux doivent faire des pieds et des mains pour combler leurs quarts de travail. Pour inciter les employés à travailler, le gouvernement offrait depuis 2003 des «primes d'été».

 

Le montant de ces primes variait en fonction des établissements. Les hôpitaux recevant plus de 50 000 visites par année offraient des primes de 10% à leurs employés. Les autres offraient 7%.

«C'était incitatif. La mesure ne réglait pas complètement la pénurie, mais elle encourageait les employés à travailler plus», dit le président du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (SIIIAL), Jean-François Caron.

Ce dernier déplore que le gouvernement n'ait pas «annoncé officiellement la disparition des primes. On l'a su par la bande. C'est choquant», commente-t-il.

C'est par le biais d'une lettre qu'a envoyée l'Agence de la santé et des services sociaux (ASSS) de la Mauricie à ses établissements que l'abolition des primes a été connue. «On le savait depuis longtemps. Depuis l'été passé ou presque. Pour ne pas créer de choc chez les gens, on les a avertis par lettre», dit le responsable des ressources humaines réseau à l'ASSS de la Mauricie, Yves Beaubien.

Mais ailleurs au Québec, l'information n'était pas connue des employés. «Il était temps qu'on le sache, dit M. Caron. Les gens doivent indiquer leurs disponibilités pour le travail pour les trois prochains mois. Sans prime, plusieurs vont préférer ne pas travailler cet été. J'ai peur des résultats.»

Cette crainte est partagée par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). «C'est déjà lourd de travailler dans les hôpitaux durant l'été. Sans reconnaissance, je ne suis pas sûre que les infirmières vont être aussi enclines à être plus disponibles», dit la vice-présidente de la FIQ, Michèle Boisclair.

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on explique qu'il était connu que les primes n'étaient «qu'une mesure temporaire». L'attachée de presse du ministre, Marie-Ève Bédard, souligne que le gouvernement a investi plusieurs millions l'été dernier pour trouver des mesures de rétention «plus efficaces à long terme».

«Plusieurs projets-pilotes sur l'organisation du travail sont en cours. À certains endroits, des infirmières auxiliaires sont engagées», relève-t-elle. Mme Bédard affirme que le Ministère prépare des solutions pour «faire plus avec moins, sans augmenter la charge de travail des infirmières».