Le représentant des médecins au conseil d'administration du CHUM a voté contre les plans du futur hôpital, lundi soir, a appris La Presse. Il y a de fortes possibilités que la majorité des médecins rejettent ces plans jeudi prochain. Si c'était le cas, le gouvernement pourrait difficilement procéder à l'appel de propositions avant la fin mars, comme prévu.

Le Dr Edgar Nassif, délégué du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CHUM, n'a pas accepté le programme fonctionnel et technique (PFT) du futur hôpital lors de la réunion du conseil d'administration tenu à huis clos. Il a été le seul à le faire.

Cette opposition n'est pas sans conséquence. Le nouveau président du CMDP, le Dr Paul Perrotte, a longuement expliqué à La Presse les craintes des médecins. «Les plans ne disent pas si le département d'ophtalmologie se trouvera dans ou hors du CHUM», dit-il. Le PFT indique que le CHUM aura 772 lits et 39 salles d'opération. «Mais plusieurs éléments restent indéterminés», ajoute le Dr Perrotte.

Plus important encore, les médecins n'ont pas encore vu le PFT final. «La moindre des choses serait que les médecins aient approuvé les plans avant qu'on les présente au conseil d'administration. Mais ce n'est pas ce qui a été fait. Ça montre le mépris du CHUM et du président du conseil d'administration (Patrick Molinari) envers les médecins», dit le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Gaétan Barrette.

Les médecins du CHUM se réuniront en assemblée générale la semaine prochaine pour se prononcer sur les plans. Tout semble indiquer qu'ils voteront contre.

«Comment voulez-vous qu'ils votent pour quelque chose qu'ils n'ont même pas vu ! Ce serait comme signer un chèque en blanc», dit le Dr Barrette.

Si c'est le cas, le lancement de l'appel de propositions, prévu pour la fin mars, est sérieusement remis en question. Pour le Dr Barrette, il serait politiquement impossible de faire une telle manoeuvre. «Comment peut-on lancer un projet sans l'appui des professionnels qui y travaillent? Ce serait irrationnel et irresponsable de le faire», commente-t-il.

Le Dr Barrette soutient que la seule façon d'obtenir l'appui des médecins est de mettre cartes sur table. «Si on présente les plans et qu'on prouve que tout sera fait comme convenu, ça pourrait être appuyé. Mais si ça reste un jeu de cache-cache, ça ne passera pas», croit-il.

Par ailleurs, lors du conseil d'administration à huis clos, les membres ont également été invités à appuyer la construction du CHUM en partenariat public-privé.

Le consultant Pierre Lortie a offert une présentation sur le projet de partenariat public-privé dans laquelle il «vantait énormément les PPP», selon Philippe Côté qui représente la population au sein du conseil d'administration. M. Côté et sa vis-à-vis, Karine Farrell, ont voté contre le projet du CHUM en PPP.

Pierre Lortie est conseiller au cabinet d'avocats Fraser Milner Casgrain. M. Lortie, qui est très proche de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, occupe à la fois la fonction de consultant auprès de l'Agence des PPP et de conseiller auprès de Clermont Gignac, directeur exécutif des projets de modernisation des trois CHU (Montréal, McGill, Sainte-Justine).

Pour M. Côté, la présence de M. Lortie au conseil d'administration est suspecte. «Il est trop impliqué dans les PPP pour venir faire une présentation «neutre»à ce sujet», dit M. Côté.