Le ministre de la Santé Yves Bolduc envisage de réintégrer les services d'ophtalmologie à l'intérieur du futur Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). Le département d'ophtalmologie devait sortir du CHUM pour se trouver dans un centre médical spécialisé associé (CMSA). Ce changement de cap irrite les médecins du CHUM, qui estiment que les plans du futur hôpital sont encore loin d'être complets.

Le programme fonctionnel et technique (PFT) du futur CHUM a pourtant été adopté lundi soir par le conseil d'administration de l'hôpital. Le document confirme entre autres que l'hôpital comptera 772 lits et 39 salles d'opération.

 

Mais le conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CHUM estime que le PFT est toujours incomplet. «Il y a plusieurs éléments non déterminés», déplore le président du CMDP, le Dr Paul Perrotte. Ce dernier dénonce entre autres que le sort du département d'ophtalmologie ne soit pas encore fixé.

Au cours des derniers mois, le CHUM a négocié une entente avec le Groupe Santé Sedna, une entreprise privée, pour lui confier les soins en ophtalmologie.

Mais le ministre Bolduc envisage de faire marche arrière et de garder l'ophtalmologie dans le CHUM. «Il y avait un projet pour mettre l'ophtalmologie hors du CHUM. Mais le PFT prévoit effectivement un espace pour l'ophtalmologie à même l'hôpital. Le ministre n'a pas encore pris de décision là-dessus», affirme l'attachée de presse du ministre, Marie-Ève Bédard.

Selon elle, M. Bolduc tranchera la question, mais «pas avant le lancement de l'appel d'offres, prévu prochainement».

Cette valse-hésitation choque le Dr Perrotte. «On prévoit que quatre salles d'opération seront réservées pour l'ophtalmologie, dit-il. Si l'ophtalmologie revient au CHUM, on va donc perdre quatre salles. On s'est battus pour avoir plus de salles d'opération, et là on risque d'en perdre.»

L'automne dernier, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) avait réclamé que le projet du CHUM soit bonifié. Après de longues négociations, la FMSQ avait obtenu que le nombre de lits passe de 700 à 770 et que le nombre de salles d'opération passe de 30 à 39. «On ne veut pas revenir en arrière», dit le Dr Perrotte.

Le président de la FMSQ, le Dr Gaétan Barrette, partage les inquiétudes du Dr Perrotte. Il ajoute qu'il n'est pas normal que les médecins du CHUM n'aient pas encore vu le PFT final. «Je ne comprends pas qu'une organisation dont les joueurs les plus importants sont les médecins soit capable de ne pas tenir compte de leur avis», dit le Dr Barrette.

Le président de la FMSQ estime qu'en tenant un C.A. à huis clos lundi soir sans avoir attendu l'appui de son CMDP, le CHUM «a fait preuve de mépris envers son corps médical». Les membres du CMDP se réuniront le 16 mars pour voter pour ou contre le PFT. «Imaginez si nous votons contre. Le CHUM aura adopté un plan que ses propres médecins n'appuieront pas! dit le Dr Perrotte. J'avais demandé au CHUM d'attendre le vote des médecins avant de voter le PFT. Mais on ne m'a pas écouté.»

Dissension chez les médecins

Si le CMDP n'est toujours pas satisfait du PFT, comment se fait-il que leur représentant ait appuyé le document lors de la séance du conseil d'administration de lundi soir?

C'est que le représentant du CMDP au CA est le Dr Edgar Nassif, l'ancien président duCMDP. Ce dernier ne siège plus à l'exécutif du CMDP. «Si c'est moi qui avais été au CA, je n'aurais pas appuyé le PFT», dit le Dr Perrotte. Le mandat du Dr Nassif au conseil d'administration se termine en mai. Le Dr Perrotte a bien l'intention de poser sa candidature. Le Dr Nassif n'a pas rappelé La Presse.