L'hôpital Notre-Dame s'est refait une beauté la semaine dernière pour accueillir le ministre de la Santé, Yves Bolduc. Des travailleurs ont été payés en heures supplémentaires pour rénover les salles que le ministre devait visiter, selon le syndicat des employés du CHUM.

Le ministre de la Santé s'est rendu à l'hôpital Notre-Dame vendredi dernier dans le cadre de sa tournée des 11hôpitaux affichant la pire performance de la province au chapitre de la durée moyenne du séjour et des délais d'attente sur civière à aux urgences.

 

La veille de la visite, au moins deux ébénistes et un menuisier ont travaillé une soirée et une partie de la nuit en heures supplémentaires, selon les observations du syndicat. L'hôpital a également embauché deux travailleurs à forfait pour faire des travaux de rénovation, a appris La Presse.

La direction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) nie avoir demandé ces travaux dans le cadre de la visite du ministre Bolduc. Mais selon le syndicat, il ne s'agit pas d'une coïncidence.

«L'hôpital a concentré ses effectifs dans les bureaux où le ministre devait passer, soit aux urgences et à la cafétéria», a indiqué France Morin, présidente du syndicat des employés. Les travailleurs ont notamment replâtré les murs, réparé des poignées de porte et installé des tablettes.

Les employés de l'entretien ménager se sont également concentrés sur les salles qui figuraient sur l'itinéraire du ministre, selon nos sources. Les murs de la cafétéria, du pavillon Lachapelle et des urgences ont été lavés au début de la semaine dernière.

«Les endroits ont été nettoyés et vérifiés par les contremaîtres pour s'assurer que le travail avait été bien fait», a indiqué Mme Morin. Les employés de l'entretien ménager n'ont pas fait plus d'heures supplémentaires qu'à l'habitude, précise-t-elle.

»Aberrant», selon le syndicat

France Morin estime que cette opération d'entretien est «un peu aberrante». «Ça fait bientôt 30 ans que je travaille ici (au CHUM), et c'est toujours comme ça. Chaque fois qu'un ministre ou un haut dignitaire se présente, tout est déployé pour que les lieux semblent les plus parfaits possible. Mais quand les employés font des requêtes pour des réparations, ça prend des semaines, sinon des mois», a-t-elle déploré.

Le syndicat cite en exemple la décrépitude de l'édifice Louis-Charles-Simard, dans le pavillon Notre-Dame. Un membre du syndicat, Jean-Sébastien Boisvert, a d'ailleurs abordé le problème avec le ministre Bolduc vendredi dernier. «Et avec une touche humoristique, on lui a mentionné que bien des employés étaient contents parce que grâce à lui, ils avaient réussi à faire quelques sous de plus», a souligné M. Boisvert.

L'attachée de presse d'Yves Bolduc, Marie-Ève Bédard, a assuré que le cabinet du ministre n'avait pas demandé à l'hôpital Notre-Dame de faire des réparations avant la visite. «Au contraire, le ministre avait dit qu'il voulait voir la situation telle qu'elle était», a-t-elle dit.

«Quel est l'avantage pour l'établissement de se montrer sous un meilleur jour, alors que le ministre veut constater une situation, et le cas échéant, apporter des correctifs pour les aider à s'améliorer?» s'est questionnée Mme Bédard.

Lucie Dufresne, conseillère en communications au CHUM, affirme que la direction générale du CHUM n'a pas demandé de «travaux particuliers» dans le cadre de la visite du ministre. «Par contre, c'est sûr que la venue d'une personne comme le ministre Bolduc ne laisse pas les employés indifférents, a-t-il dit. Est-ce que des initiatives ont été prises sur le terrain? Ça se peut.»