Par amour pour son père, une policière de Laval s'est départie de sa longue tignasse bouclée, dans le cadre du neuvième rase-o-thon Policiers contre le cancer, organisé aujourd'hui au profit de la Société canadienne du cancer.

La lieutenant Ana Rodrigues fait partie des 50 policiers, pompiers, agents de sécurité, ambulanciers, étudiants et civils qui acceptent de se faire raser le crâne pour une bonne cause au complexe Desjardins de Montréal.

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Les participants font le sacrifice de leur crinière en échange de dons pour aider la recherche sur le cancer, offerts par leurs collègues, parents et amis. Ces séances de coiffure publiques se tiennent un peu partout au pays. L'objectif montréalais, qui était de mettre la main sur 60 000 $, a été dépassé de 13 000 $.

La lieutenant Rodrigues y participe pour la première fois, en compagnie de sa consoeur, la sergente Geneviève Villemure.

Ana Rodrigues, 31 ans, n'aurait jamais pensé un jour faire ses adieux à ses longs cheveux bruns, qui tombaient jusqu'au milieu du dos,

Jamais jusqu'à ce jour d'avril dernier, où elle a appris l'existence du cancer de la glande tyroïde qui rongeait son père, Joao. «C'est une journée marquante, ma vie a changé. J'étais chez le médecin et je devais traduire le diagnostic à mon père, qui est Portugais», raconte la lieutenant, nerveuse à quelques minutes de perdre ses cheveux.

Ce jour-là, dans le bureau du docteur, Ana Rodrigues a compris que personne n'est à l'abri du cancer, qui a tué sans distinction environ 20 000 Québécois en 2008.

Un Canadien sur trois développera un cancer au cours de sa vie. D'ici quelques années, une personne sur deux en sera atteinte.

Comme Ana Rodrigues et l'ensemble des participants, la sergente Geneviève Villemure a aussi décidé de se raser la tête après avoir connu de près la maladie. «J'ai appris que mon cousin avait un cancer incurable du pancréas. Je suis très proche de lui. Ça prend souvent ça pour avoir le déclic», confie la sergente de 33 ans, qui arborait aussi une magnifique chevelure brune.

Après un marathon de six semaines, les deux policières lavalloises ont débarqué à Montréal avec un chèque de 22 325 $ sous le bras, le plus gros montant amassé depuis la création de l'événement.

Sur une scène aménagée à la Grande-Place du complexe Desjardins, elles ont pris place dans deux des chaises alignées.

De chaque côté, les rasoirs s'activaient dans les chevelures des autres participants, des hommes pour la plupart. Aux premiers coups de ciseaux, le visage des policières s'est crispé.

L'«opération» s'est effectuée sous les encouragements nourris des amis, collègues et badauds présents.

Au premier rang de la scène, le père d'Ana Rodrigues, aujourd'hui en rémission, affichait un sourire ému.