Les nourrissons ne devraient pas passer plus de deux heures en position assise, ou semi-assise, dans leur siège-auto.

Le coroner Jacques Robinson a lancé un véritable cri d'alarme, hier, en rendant public son rapport sur le décès d'un poupon de 2 mois survenu l'an dernier. Verdict? Le siège-auto, utilisé pour endormir l'enfant, serait en cause.Rappel des faits. Le 23 février 2008, à 3 h du matin, le bébé se réveille. Sa mère le nourrit, et le petit se rendort. Vers 6 h, il se réveille de nouveau, en pleurs.

Pour le calmer, la mère l'installe dans son siège-auto, qu'elle dépose dans le petit lit. La position assise calme ses coliques, dit-elle.

Elle se recouche et, à son réveil, quelques heures plus tard, la mère trouve son enfant les yeux vitreux. Sa peau est blanche et cireuse. Son décès est constaté une heure plus tard, à l'hôpital.

Le rapport du coroner est sans équivoque: la position assise (ou semi-assise) est en cause. «Il y a eu obstruction des voies respiratoires supérieures par compression», a-t-il expliqué hier en entrevue.

L'obstruction serait due au fait que l'enfant, à cet âge, n'a pas assez de tonus pour tenir sa tête droite. Un enfant par année meurt de cette façon, dit-il.

L'Institut de santé publique du Québec et la Société canadienne de pédiatrie (SCP) déconseillent l'utilisation des sièges-autos pour le sommeil. L'ACP recommande aux parents de coucher bébé sur le dos, sur un matelas ferme et plat.

Le coroner précise toutefois qu'il ne s'agit pas de remettre en question l'utilisation de ce siège pour le transport. Au contraire. «Bien utilisé, il n'y a aucun danger.» Pour les longs trajets, il conseille d'en retirer l'enfant aux heures pour l'oxygéner. Arrivé à destination, l'enfant doit être retiré de sa coquille, dit-il. Sinon, «on prend des risques».

Le «bon vieux truc» remis en question?

Marie-Lyne Pratt a deux jeunes enfants, de 4 mois et 2 ans. «Tout le monde a déjà fait ça, laisser son enfant dormir dans son siège-auto!» Son aîné, à 3 mois, «ne voulait rien savoir de dormir ailleurs. À moins qu'ils soient vraiment recroquevillés, c'est presque la même position que quand ils sont dans nos bras. Ça ne m'inquiète pas», a-t-elle indiqué sans hésiter.

Il faut dire que, sur tous les forums de discussion de mamans, ce truc pour calmer un enfant revient toujours: «C'est LE bon vieux truc, aller en voiture se promener si le bébé pleure.»

Même la SCP conseille aux parents aux prises avec les coliques d'un nouveau-né, entre autres suggestions, de sortir le promener en voiture, donc dans un siège-auto. «Oui, mais toujours sous supervision», a précisé hier Denis Leduc, ex-président de la SCP.

Aurore Côté, pédiatre à l'Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill, spécialisée en médecine respiratoire, a publié en 2007, dans la revue britannique Archives of Diseases of Childhood, une étude portant précisément sur la sécurité des nouveau-nés en position assise dans les sièges-autos.

Elle nuance quelque peu la mise en garde du coroner: «Dans le premier mois de vie, cela peut être légèrement plus dangereux, a-t-elle signalé hier. Mais le risque est très faible, extrêmement faible.» À titre de comparaison, elle signale que 20 fois plus d'enfants meurent chaque année du syndrome de la mort subite du nourrisson au Québec.

«Dans les premières semaines de vie d'un enfant, si la seule façon de le calmer est de le mettre en position assise, mieux vaudrait trouver une autre position, voire consulter son médecin, précise le Dr Côté. Est-ce un problème de sommeil, de douleurs, de reflux? il faut aller à la source du problème.»

Après un mois de vie, l'enfant peut tolérer la position assise plus longtemps. «C'est à voir, selon le bon jugement des parents.»