Viagra, Anusol, antirétroviraux... La liste des médicaments consommés dans les prisons québécoises est vaste. Grâce à la Loi sur l'accès à l'information, La Presse a obtenu la liste de tous les produits médicaux distribués dans les centres de détention de Montréal et de Québec au cours des dernières années.

En un peu plus d'un an, plus de deux millions de dollars ont été dépensés à la prison de Bordeaux pour différents médicaments.

Les produits les plus consommés sont les antidépresseurs et les tranquillisants. De tous les détenus qui ont reçu des médicaments en 2007-2008, 30% se sont fait prescrire des antidépresseurs, pour un total de 694 000$.

Le gouvernement absorbe tous les frais liés à la consommation de médicaments en prison.

Les antirétroviraux coûtent aussi cher que les antidépresseurs à la prison de Bordeaux. L'an dernier, les détenus ont reçu pour 327 000 $ de traitements contre le VIH.

Plusieurs détenus semblent aussi avoir des problèmes de drogue. Plus de 98 000 $ ont été dépensés pour payer plus d'un million de doses d'agonistes d'opiacés, des médicaments qui servent notamment à sevrer les héroïnomanes. De tous ceux qui ont pris des médicaments à la prison de Bordeaux, 42,5 % prennent des agonistes d'opiacés.

À Québec

Au centre de détention de Québec, la liste de médicaments est plus détaillée. Elle couvre la période du 1er janvier 2002 au 31 juillet 2008. Durant cette période, le gouvernement a payé pour 32 millions de dollars de médicaments.

Tout comme à Montréal, les antidépresseurs sont fort populaires à Québec: on y a consommé pour plus de 622 000 $ de ces produits depuis 2002, soit 99 000 ordonnances.

Les antirétroviraux ont coûté encore plus cher: près de 680 000$.

Des antipsychotiques

Les antipsychotiques sont aussi très populaires. Plus de 75 000 ordonnances, pour un total de 950 000$, ont été rédigées au cours des six dernières années. Les frais d'agonistes d'opiacés s'élèvent quant à eux à 171 000$.

Sur la liste des médicaments consommés au centre de détention de Québec, on trouve aussi des choses étonnantes. Par exemple, on y a distribué pour 630 $ d'Anusol, un gel qui soulage les hémorroïdes.

Plus de 2000 $ ont été dépensés pour payer du Canesten, un produit qui combat les infections vaginales à levure.

Le ministère de la Sécurité publique a en outre été surpris d'apprendre que huit comprimés de Viagra et de Cialis, destinés à combattre la dysfonction érectile, figurent sur la liste des médicaments fournis à Québec.

«Le Viagra n'est pas un produit distribué dans les centres de détention. Selon nous, ces produits ont été commandés mais n'ont pas été distribués aux détenus», affirme le porte-parole du ministère de la Sécurité publique, Mario Vaillancourt.

-Avec la collaboration William Leclerc