Un projet pilote de dépistage rapide du VIH verra le jour en février dans le Village gai de Montréal et aux alentours. Baptisé «Le Spot», il s'adresse aux hommes gais montréalais qui échappent aux méthodes de dépistage traditionnelles. Chercheurs, intervenants psychosociaux, sexologues, organismes communautaires et cliniques médicales travaillent de concert pour le mettre sur pied.

L'élément déclencheur du projet est une étude menée par les chercheurs Mark Wainberg, Bluma Brenner et Michel Roger, dont les résultats ont été dévoilés en 2007, selon laquelle 50% des transmissions du VIH ont lieu au cours des mois, voire de l'année, suivant l'infection. Le porteur se trouve alors dans la phase aiguë de la maladie. Dans la phase chronique, le taux de transmission diminue à 15%. Il faut aussi savoir qu'il y a eu une augmentation de 20% des cas de VIH dans la communauté gaie montréalaise entre 2005 et 2007 et que, dans la population en général, une personne séropositive sur trois n'est pas au courant de son état.

 

«C'est la raison pour laquelle nous devons absolument faire de notre mieux pour détecter tous les séropositifs et le plus rapidement possible. Et pour les rejoindre, il faut engager les groupes pairs», déclare le Dr Mark Wainberg, du Centre de recherche sur le sida de l'Université McGill à l'Hôpital général juif.

Les organismes communautaires, déjà présents dans plusieurs lieux de socialisation gais comme les saunas et les bars, pourront diffuser l'information et diriger ceux qui souhaitent subir un test vers Le Spot, situé dans le Village. Certaines cliniques, dont celle du Quartier latin et L'Actuel, proposeront aussi le dépistage gratuit. Des équipes volantes d'intervenants, d'infirmiers et de conseillers permettront d'offrir des plages horaires plus souples afin de cibler une clientèle différente.

«Nous souhaitons créer un environnement moins médicalisé, qui répond davantage aux besoins de ces hommes. Nous visons des populations qui, pour toutes sortes de raisons, ne vont pas passer le test de dépistage dans les cliniques, notamment parce que le processus est trop long», explique Robert Rousseau, directeur général de l'organisme communautaire Action Séro Zéro.

«Les tests traditionnels sont beaucoup trop longs, confirme le Dr Wainberg. On peut attendre jusqu'à trois semaines pour avoir les résultats. Parfois, les gens ne reviennent pas. C'est beaucoup mieux que la personne puisse avoir le résultat sur place. Bien entendu, lorsqu'on parle d'un test rapide dont les résultats s'affichent en deux minutes, ça prend un bon soutien avant, pour préparer le patient à un possible résultat positif, et après.»

La trousse de dépistage rapide, déjà utilisée ailleurs au Canada, a été mise au point par une firme de la Colombie-Britannique qui offre gratuitement 5000 trousses dans le cadre de l'étude. Le prélèvement s'effectue par une simple piqûre sur le bout du doigt. Un résultat positif devra par la suite être confirmé par les tests traditionnels.