Les pharmaciens qui travaillent dans les établissements de santé prennent les grands moyens pour dénoncer la pénurie qui touche leur secteur. Réunis en assemblée extraordinaire mercredi soir, ils ont voté à 99% pour l'adoption de moyens de pression. Dès maintenant, ils se retirent de tous les comités consultatifs où leur expertise est demandée. D'ici quelques jours, ils cesseront également leurs tâches d'enseignement.

Il manque 200 pharmaciens en établissement au Québec. Cette pénurie met beaucoup de pression sur les pharmaciens d'établissement, qui effectuent plus d'heures supplémentaires que tous les autres corps de métier du milieu de la santé.

Alors que les pharmaciens qui pratiquent au privé ne complètent qu'un baccalauréat, ceux qui travaillent dans les établissements de santé doivent posséder une maîtrise. Même s'ils sont plus scolarisés, les pharmaciens du public gagnent en moyenne 62 000$ lors de leur première année de travail contre 82 000$ pour leurs collègues du privé.

«Cet écart salarial n'est plus soutenable. Le gouvernement a laissé cet écart augmenter au fil des ans, sans rien faire», dit Linda Vaillant, directrice générale de l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES).

Actuellement, 18% des postes de pharmacien en établissement sont vacants. «Dans cinq ans, il manquera 600 pharmaciens», affirme le président de l'APES, Charles Fortier.

Au début de l'année, le gouvernement avait ouvert la porte à une négociation, mais en septembre, les pourparlers se sont interrompus, dénonce l'APES. Le ministère de la Santé ne veut pas entreprendre de discussions avant l'échéance du contrat de travail des pharmaciens d'établissement prévu pour 2010. «C'est inacceptable. La crise est trop grave!» estime Mme Vaillant, qui demande que l'écart salarial soit réglé dès maintenant.

En attendant, les pharmaciens d'établissement se retirent des comités consultatifs. Par exemple, il ne siégeront plus au comité qui détermine quel médicament doit ou non être remboursé par le gouvernement. Ils cesseront aussi leurs tâches d'enseignement. «Tous les étudiants en pharmacie, qu'ils aillent au privé ou au public, font leurs stages avec nous. On va arrêter de leur enseigner dans les prochains jours», annonce Mme Vaillant. Les services aux patients ne seront toutefois pas touchés par ces mesures.