Les Québécois souffrant de maladie mentale ont attendu plus longtemps cette année avant de recevoir un traitement. Le temps d'attente moyen entre une première visite chez un médecin généraliste et l'obtention de soins psychiatriques a été de 17,2 semaines en 2008 contre 15,9 semaines l'an dernier, révèle une récente étude de l'Institut Fraser.

Même si la situation s'est détériorée au Québec, la province fait mieux que la moyenne canadienne, où le temps d'attente moyen a été de 18,6 semaines cette année.

Mais pour les personnes souffrant de maladie mentale, chaque jour d'attente est difficile, rappelle le directeur général de l'organisme REVIVRE, Jean-Rémy Provost.

REVIVRE vient en aide aux personnes souffrant de troubles anxieux, bipolaires ou dépressifs. «Prenons la dépression. Plus une personne qui en souffre attend, plus elle risque de devoir s'absenter de son travail. C'est triste quand on sait que les dépressifs qui sont diagnostiqués rapidement n'ont pas nécessairement besoin de cesser le travail», dit-il.

M. Provost ajoute que les délais sont aussi difficiles pour les proches qui se sentent démunis. «Ils nous disent: ma femme a un rendez-vous chez le médecin dans 10 semaines. On fait quoi en attendant?» illustre M. Provost.

À ces troubles on doit ajouter le risque de perdre son logement et l'augmentation du risque de suicide.

»Ce n'est pas juste»

Le directeur des études sur la performance des systèmes de santé de l'Institut Fraser, Nadeem Esmaïl, rapporte que le temps d'attente en soins psychiatriques est de deux jours plus élevé que le temps moyen pour recevoir des soins médicaux physiques. Selon M. Esmaïl, les gouvernements ne semblent «pas être conscients du fait que des délais surviennent au pays pour recevoir des soins médicaux qui ne sont pas purement physiques». «Pour tout ce qui a trait à la santé mentale, on voit peu de gestes et on entend peu de discussions», dit-il.

Le collectif de défense des droits en santé mentale, Action autonomie, estime pour sa part que la discrimination touche la santé mentale. «Présentement, les problèmes physiques se font toujours soigner plus vite que les problèmes mentaux. Cette situation n'est pas juste», dit Karine Rondeau, conseillère en défense des droits à Action autonomie.

Un groupe de médecins interrogé par l'Institut Fraser estime que les temps d'attente actuels en santé mentale sont 170% plus longs que ce qui serait raisonnable.